Condamnation à mort d’un chroniqueur australien : nouvelle étape dans la répression sans limite du journalisme en Chine

La condamnation à mort avec sursis du chroniqueur politique australien Yang Hengjun, auteur de plusieurs articles critiques du régime chinois dans le magazine The Diplomat, est sidérante. Reporters sans frontières (RSF) demande l'annulation de cette condamnation inhumaine prononcée sur la base d’accusations d’"espionnage" montées de toutes pièces.

Lundi 5 février 2024, les autorités chinoises ont annoncé que le chroniqueur politique australien d'origine chinoise Yang Hengjun avait été condamné à mort avec sursis pour “espionnage” –  une sentence qui peut être commuée en une peine de prison à vie après un délai de deux ans s’il ne “récidive” pas. Reporté à de multiples reprises après un procès qui s’était tenu à huis clos en 2021, ce verdict est le plus sévère prononcé contre un défenseur de la liberté de la presse depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012.

“En condamnant à mort un chroniqueur politique, les autorités chinoises envoient un message absolument terrifiant à l'ensemble des professionnels des médias. Désormais, tout partage d'information critique sur le régime est passible de la peine capitale. Nous exhortons la communauté internationale, en particulier le gouvernement australien, à intensifier la pression sur Pékin afin d'obtenir la libération immédiate de Yang Hengjun, citoyen australien, condamné pour ses articles critiques dans le magazine The Diplomat.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Yang Hengjun a publié plusieurs articles critiques à l'égard du régime chinois dans le célèbre magazine américain d'actualité internationale The Diplomat entre 2015 et 2016, avant d’être arrêté en janvier 2019 lors d'un voyage avec sa famille en Chine, et d’être inculpé pour “espionnage”. À l'été 2023, ses proches ont révélé qu'il était victime d’une privation de soins en prison. En 2020, le chroniqueur avait déjà déclaré avoir été victime de torture et avoir subi plus de 300 interrogatoires au cours de sa détention.

Yang Hengjun n’est pas le seul professionnel des médias étranger condamné pour “espionnage” en Chine. Kidnappé en Thaïlande avant de réapparaître en Chine lors de confessions forcées en 2015, l’éditeur suédois Gui Minhai a lui été  condamné, en février 2020, à dix ans de prison pour avoir "fourni illégalement des secrets d'État et des renseignements à l'étranger". Plus récemment, en octobre 2023, la journaliste australienne d'origine chinoise Cheng Lei, a été libérée et renvoyée chez elle en Australie, après une détention de plus de trois ans pour des faits supposés d’espionnage.

La Chine occupe le 179e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023. Elle constitue la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la presse avec au moins 120 détenus.

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