Reporters sans frontières regrette que la France n'ait pas profité de l'occasion pour dénoncer la répression exercée contre les journalistes et les internautes par les autorités de Pékin. Près de 35 personnes ont été arrêtées ou condamnées à des peines de prison pour leurs écrits pendant que la France fêtait la Chine populaire.
Reporters sans frontières se félicite du succès populaire de l'Année de la Chine en France, mais regrette que la France n'ait pas profité de cette occasion pour dénoncer la répression exercée contre les journalistes et les internautes. L'organisation déplore également que les autorités françaises se soient pliées aux exigences du gouvernement de Pékin sur les noms des artistes chinois invités.
D'octobre 2003 à juillet 2004, durée de l'Année de la Chine en France, deux responsables de la presse réformatrice ont été condamnés à de lourdes peines de prison, un rédacteur en chef a été arrêté pour ses reportages sur le Sras et la torture, 10 internautes et cyberdissidents ont été arrêtés et 20 autres ont été condamnés à des peines de prison, certaines allant jusqu'à quatorze ans d'incarcération.
Aux cours des seuls mois d'octobre et de novembre 2003, au moment où s'ouvraient les festivités, le gouvernement de Pékin a fait condamner à des peines de prison pas moins de 13 internautes et cyberdissidents.
La cyberpolice a également étendu son contrôle sur les forums de discussion des sites Internet, renforcé la surveillance des e-mails et multiplié les sites de propagande. Et, dernière nouveauté, le gouvernement chinois met actuellement en place un système de contrôle accru des SMS.
Reporters sans frontières déplore que le gouvernement français ait accepté les diktats de la Chine populaire dans le choix des artistes et des manifestations. Des écrivains chinois majeurs et des associations chinoises en France ont été écartés des cérémonies pour plaire à Pékin.
Enfin, le gouvernement français a répondu aux appels pressants de Pékin en vue de censurer la chaîne de télévision en chinois NTDTV diffusée par l'opérateur satellite Eutelsat. Ce canal privé, proche du mouvement spirituel Falungong, s'est attiré les foudres des autorités.
En conclusion de cette Année de la Chine en France, Reporters sans frontières souhaite que les liens renforcés entre les deux pays permettent d'obtenir la libération des 27 journalistes et 61 cyberdissidents actuellement emprisonnés, et de mettre un terme à la censure gouvernementale. L'organisation souligne notamment le cas du créateur de site Internet Huang Qi, lauréat du prix Cyberliberté 2004, détenu dans le Sichuan depuis quatre ans.
En mai 2004, Reporters sans frontières et les Editions La Découverte ont publié "Chine, le livre noir" pour informer le public des violations massives des droits de l'homme commises en Chine populaire.