Cinquième anniversaire de la répression du soulèvement d'Andijan : La presse libre toujours persona non grata
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Il y aura cinq ans demain, les autorités ouzbèkes tiraient sur la foule réunie à Andijan (vallée de la Ferghana, Est) et expulsaient les journalistes de la ville afin qu'ils ne puissent continuer à couvrir les exactions s'y déroulant. Le 13 mai 2005 reste un jour à marquer d'une pierre noire dans l'histoire des violations des droits de l'homme dans le pays.
Il y a dix jours, le 3 mai, à l'occasion de la Journée internationale de la Liberté de la presse, Reporters sans frontières publiait la liste des "Prédateurs", personnages politiques ou organisations éminemment opposés à une presse libre. Islam Karimov continue d'y figurer. Et pour cause.
Bien que l'Ouzbékistan soit redevenu un partenaire comme les autres pour les instances européennes, la situation des libertés dans cette dictature d'Asie centrale n'a pas changé et continue d'être des plus déplorables. Loin d'être idéale avant mai 2005, elle s'est radicalement dégradée depuis sans jamais revenir au niveau antérieur. Non seulement la presse étrangère n'est pas autorisée à être présente, mais les pressions des autorités s'exercent avec plus de force encore sur les journalistes locaux.
Au moins onze journalistes sont actuellement emprisonnés dans le pays, alors que la torture en prison est, selon de nombreux rapports, quasi systématique. Avec ce triste record, l'Ouzbékistan apparaît comme la plus grande prison pour les journalistes en Europe.
Quand ils entrent dans la catégorie des "ennemis" du pays, souvent pour avoir simplement couvert une question économique ou sociale (pauvreté, santé, situation des femmes...), parfois politique, les journalistes sont la cible d'accusations fantasques : insulte au peuple ouzbek, extrémisme religieux... Parfois ils sont simplement internés de force en hôpital psychiatrique comme Djamshid Karimov, qui n'est pourtant autre que l'un des neveux du Président. Ou encore comme Kayroullo Khamidov populaire animateur radio actuellement en procès.
En ce jour anniversaire, Reporters sans frontières appelle à nouveau les autorités ouzbèkes à s'engager dans une politique sincère de libéralisation des activités de la presse. En particulier, elle appelle à la libération de : Khayrullo Khamidov (Nawruz), Sayid Dilmurod (Ezgulik), Bakhrom Ibragimov (Irmok), Davron Kabilov (Irmok), Ravshanbek Vafoev (Irmok), Abdulaziz Dadakhonov (Irmok), Botyrbek Eshkuziev (Irmok), Solidjon Abdurakhmanov (journaliste indépendant), Djamchid Karimov (journaliste indépendant),
Jusuf Ruzimuradov (Erk), Mohammed Bekjanov (Erk).
L'organisation exprime une nouvelle fois son incompréhension et sa déception face à la politique de dialogue engagée par l'Union européenne qui n'a produit aucune amélioration de la situation de la liberté de la presse et qui profite exclusivement au régime du Président Karimov.
Publié le
Updated on
20.01.2016