Cinq journalistes menacés de mort par le dirigeant d'une association de producteurs de coca
Organisation :
Reporters sans frontières proteste contre les menaces de mort dont font l'objet cinq journalistes de Tocache (Nord-Ouest) de la part de Sergio Gonzales Apaza, dirigeant de l'association des cultivateurs de coca (cocaleros) Saúl Guevara Díaz, en grève depuis le 2 novembre dernier. Sergio Gonzales Apaza s'en est pris aux journalistes en public et par téléphone à plusieurs reprises. Par ailleurs, deux journalistes ont été agressés et les locaux d'une radio attaquée par des militants du mouvement cocalero.
"Il est déplorable que les dirigeants cocaleros menacent de la sorte les journalistes pour leur couverture des mouvements de protestation. Nous condamnons fermement les menaces et les incitations à la violence proférées par Sergio Gonzales Apaza qui ont déjà abouti à l'agression de José Saldaña et d'Abel Gonzales. Nous rappelons que ces deux journalistes avaient été respectivement menacés de mort et agressés en mars dernier par des cocaleros. Dans un contexte social polarisé entre les cultivateurs de coca et les autorités, nous demandons aux militants de respecter le travail des professionels de la presse, et aux autorités de Tocache de leur apporter des garanties de sécurité", a déclaré l'organisation.
Les journalistes Julio Aguirre Domínguez, Peter Donato et Abel Gonzales , de la station Radio Concierto, ainsi que José Saldaña Vela et Angélica Reyes, de la station Radio Libertad, présents pendant une réunion de l'assocation Saúl Guevara Díaz ont été menacés de mort par Sergio Gonzales Apaza. Accusant les journalistes de faire de la "désinformation" et de donner une mauvaise image de leur mouvement, il leur a déclaré que tous les professionniels des médias "qui parlent mal du secteur cocalero seront lapidés".
Les cultivateurs de coca sont en grève depuis le 2 novembre 2007 pour protester contre les projets d'éradication des champs de coca par le gouvernement qui les accuse de collaborer avec les narcotrafiquants.
Angélica Reyes a déclaré à Reporters sans frontières que le 2 octobre dernier Sergio Gonzáles Apaza l'a appelée sur son téléphone portable et lui a dit que si "elle ne mettait pas fin à son programme, ils (les cocaleros) allaient la brûler avec la station et le reste". Ces intimidations se sont répétées les 26 et 30 octobre pendant une émission de télévision. Le dirigeant de Saúl Guevara Díaz a "incité la population à attaquer les locaux de la radio et à nous brûler vifs pour avoir rattaché les cocaleros aux narcotrafiquants", a ajouté la journaliste.
Le 2 novembre, José Saldaña a été agressé par un groupe de producteurs de coca qui lui ont pris son magnétophone. Deux jours plus tard, Abel Gonzales a été bloqué par plusieurs cocaleros à Puerto Pizana, alors qu'il retournait à Tocache avec sa femme. Les agresseurs l'ont giflé et menacé de mort afin qu'il diffuse des informations plus favorables à la culture de la coca. Enfin les locaux de la radio où travaille Julio Aguirre Domínguez ont été attaqués à coups de pierres.
Les producteurs de coca ont fait preuve d'hostilité à l'égard des journalistes depuis le début de l'année. En mars, plusieurs journalistes ont été menacés de mort ou agressés par des dirigeants cocaleros et des manifestants à Tocache, dont Peter Donato Torres, Julio Aguirre Domínguez , Abel Gonzales et José Saldaña, tous considérés comme "ennemis des cocaleros" (lire le communiqué du 12 avril 2007).
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Updated on
20.01.2016