Chine : RSF exige la libération du journaliste-citoyen Zhen Jianghua, en “prison noire” depuis six mois
Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités chinoises de libérer immédiatement le journaliste-citoyen Zhen Jianghua en vertu de leur propre réglementation, qui limite à six mois la détention à l’isolement dans le régime dit des “prisons noires”.
RSF enjoint les autorités chinoises à libérer immédiatement le journaliste-citoyen Zhen Jianghua, 32 ans, qui arrive demain, 29 mars 2018, au terme légal de son placement en “résidence surveillée dans un lieu désigné”, un euphémisme qui désigne la détention à l’isolement dans les “prisons noires” chinoises. Le code de procédure criminelle chinois fixe en effet à six mois la durée maximum de ce régime particulièrement sévère, conçu pour briser les défenseurs des droits civils et humains.
“Nous demandons au régime de Pékin de respecter sa propre réglementation en remettant Zhen Jianghua en liberté au terme de cette détention, insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF, qui rappelle que le journaliste-citoyen “a été injustement arrêté, placé à l’isolement et sans doute torturé comme c’est souvent le cas dans les “prisons noires”, pour le simple fait d’avoir diffusé des informations, ce que la Constitution chinoise permet pourtant expressément.’’
Célèbre pour son sourire et sa casquette noire, Zhen Jianghua, aussi connu sous le pseudonyme de Guests Zhen, est une figure emblématique de la jeune génération des défenseurs de l’information libre résistant dans l’ombre contre le régime répressif chinois. Zhen dirigeait notamment les sites Human Rights Campaign in China, qui documente les mouvements de la société civile chinoise, et Across The Great FireWall, qui donne des conseils techniques pour contourner la censure.
Zhen Jianghua risque cinq ans de prison pour “incitation à la subversion du pouvoir de l’État”, une accusation fourre-tout souvent utilisée contre les journalistes et les défenseurs des droits humains. Il a été arrêté le 1er septembre 2017 par la police de Zhuhai (Chine) et, selon son avocat, placé en “résidence surveillée dans un lieu désigné” le 29 du même mois. Ce régime de détention au nom trompeur, institué en 2012 au nom de la “lutte contre le terrorisme et la corruption”, ne désigne pas une simple assignation à résidence, mais une mise à l’isolement dans des conditions éprouvantes incluant souvent des actes de torture et de mauvais traitement, dans le but de briser physiquement et moralement les détenus.