Chine : RSF appelle à la libération d’un journaliste d’investigation spécialiste de la corruption détenu depuis déjà un mois

Reporters sans frontières (RSF) appelle le régime chinois à libérer le journaliste d'investigation Shangguan Yunkai. Connu pour ses enquêtes sur la corruption des officiels, il est détenu depuis un mois sur la base d'accusations montées de toutes pièces et pour lesquelles il encourt une peine de cinq ans de prison.

Le 20 mai 2023 marque le premier mois de la détention du journaliste d'investigation chinois Shangguan Yunkai connu pour ses enquêtes sur la corruption des officiels. Le journaliste indépendant de 57 ans a été interpellé par la police dans la ville d'Ezhou dans la province du Hubei (centre-est de la Chine) et est accusé d’avoir “attisé des querelles et provoqué des troubles” et d’avoir "vendu de faux médicaments", deux chefs d'accusation passibles respectivement de cinq et trois ans de prison.

“Shangguan Yunkai ne fait que servir l'intérêt du public en enquêtant sur la corruption, et les charges dont on l’accuse sont à l’évidence montées de toutes pièces en représaille à ses enquêtes. Nous appelons la communauté internationale à renforcer la pression sur le régime de Pékin pour obtenir la libération de Shangguan Yunkai ainsi que celle de tous les autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus en Chine.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie de l’Est de RSF

Ces dernières années, Shangguan Yunkai a travaillé pour le média public Legal Daily et a administré plusieurs groupes de discussion sur WeChat, le principal réseau social chinois, sur lequel il partageait les preuves des transgressions commises par des officiels du régime. Récemment, il a publié une série d'articles dans lesquels il révèle les malversations de plusieurs fonctionnaires d'Ezhou, la ville où il a été arrêté. Dans les années 1990, ses enquêtes avaient dévoilé les pratiques de corruption de Xu Penghang, alors vice-gouverneur de la province du Hubei, et avaient contribué au limogeage de ce dernier.

Depuis 2012, dans la cadre de la croisade du dirigeant chinois Xi Jinping contre le droit à l'information, le régime de Pékin a intensifié sa répression contre les journalistes d'investigation, dont la figure du mouvement #MeToo en Chine, Huang Xueqin, détenue depuis septembre 2021, qui risque 15 ans de prison pour “incitation à la subversion du pouvoir de l'État”.

La Chine occupe le 179e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, et est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 114 d’entre eux actuellement derrière les barreaux.

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