Chine: décès du blogueur Yang Tongyan, nouvelle victime de Pékin par absence de soins

Reporters sans frontières (RSF) apprend avec tristesse la mort de l’écrivain et blogueur chinois Yang Tongyan au terme de douze ans de détention. Un “meurtre par absence de soins” commis par l’appareil d’État chinois, comme dans le cas du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo.

L'écrivain et blogueur Yang Tongyan, de son nom de plume Yang Tianshui, grande figure de l’opposition démocratique en Chine, est mort mardi alors qu’il avait quasiment achevé une peine de douze ans pour “subversion” dans la prison de Nanjing (province du Jiangsu, sud-est). Âgé de 56 ans, il avait été “libéré pour raisons médicales” en août dernier et avait subi une opération chirurgicale destinée à retirer une tumeur au cerveau.


Yang Tongyan avait reçu en 2008 le prix “Freedom to Write” décerné par PEN America, une organisation dédiée à la liberté d'expression, et était lui-même membre de l’ONG Independent Chinese Pen Centre. Il avait été condamné en 2006 à douze ans de prison après avoir posté en ligne des articles favorables au changement démocratique en Chine. Il avait déjà, dans le passé, été incarcéré une décennie pour ses idées politiques.


Durant ses 22 années de détention, Yang Tongyan a souffert de nombreuses maladies chroniques sans recevoir les traitements que son état nécessitait. Son décès intervient quelques mois après la mort, dans les mêmes circonstances, du prix Nobel de la Paix et prix RSF Liu Xiaobo. Fait embarrassant pour le président chinois Xi Jinping, l’annonce est tombée alors que son homologue américain Donald Trump, dont le gouvernement avait réclamé la libération de Liu Xiaobo, entamait sa première visite en Chine.


Une politique délibérée


“Comme dans le cas de Liu Xiaobo, la mort de Yang Tongyan s’apparente à un meurtre par absence de soins dont l’appareil d’État chinois est pleinement responsable, dénonce Cédric Alviani, directeur du bureau RSF Asie de l’Est. Par souci de discrétion, le régime de Pékin n’applique plus la peine de mort à l’encontre de ses opposants, mais il laisse sciemment leur santé se détériorer en prison, ce qui revient au même.“


En juillet, la mère du journaliste Huang Qi, prix RSF 2004, a lancé un appel au secours, craignant que les autorités ne laissent son fils mourir en prison. La célèbre journaliste Gao Yu, 73 ans, Plume d'or de la liberté 1995 et lauréate du Prix mondial de la liberté de la presse de Unesco/Guillermo Cano 1997, est en résidence surveillée et ne peut se rendre à l’étranger pour recevoir les soins dont elle a besoin. Le blogueur Hu Jia, prix RSF 2007 et prix Sakharov 2008, a vu sa santé ruinée par cinq années dans les geôles chinoises.


Liu Xia en danger


La communauté internationale craint aussi pour la vie de l’artiste Liu Xia, cardiaque et dépressive, en résidence surveillée depuis plus de dix ans, et dont le seul tort est d’être la veuve de Liu Xiaobo. La semaine dernière, l’ONG PEN America et une cinquantaine d’écrivains et d’artistes de premier plan ont écrit une lettre ouverte au président XI Jinping pour réclamer sa libération.



La Chine est une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes et les militants des droits civils et occupe le bas du classement RSF de la liberté de la presse (176e sur 180 pays).

Publié le
Updated on 09.11.2017