Le 21 septembre 2007, l'ancien responsable tchétchène arrêté le 12 septembre dernier a été inculpé de "complicité" dans l'asassinat d'Anna Politkovskäia, a fait savoir son avocat. Il est soupçonné d'avoir transmis l'adresse de la journaliste à ceux chargés de son exécution.
Le 21 septembre 2007, Piotr Kazakov, avocat de Chamil Bouraïev, ancien responsable de l'administration du district d'Atchkhoi-Martan, a annoncé que son client avait été inculpé de complicité dans l'assassinat de la journaliste de Novaïa Gazeta.
Candidat malheureux à l'élection présidentielle tchtétchène en 2003 et opposant d'Akhmad Kadyrov (père de l'actuel président tchétchène), Chamil Bouraïev avait été arrêté le 12 septembre dernier. Un officier du FSB (ex-KGB) également arrêté dans le cadre de cette affaire, Pavel Riaguzov, l'avait en effet désigné comme l'homme à qui il avait remis l'adresse d'Anna Politkovskaïa afin d'organiser son assassinat.
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19 septembre 2007
Arrestation d'un ancien responsable tchétchène pour son implication présumée dans l'assassinat d'Anna Politkovskaïa
Le 15 septembre 2007, le quotidien Komsomolskaïa Pravda a fait savoir que l'ancien responsable du district d'Atchkhoi-Martan en Tchétchénie, Chamil Bouraïev, avait été arrêté trois jours auparavant.
Selon le journal, il aurait obtenu l'adresse personnelle d'Anna Politkovskaïa par un officier du FSB, Pavel Riaguzov, actuellement détenu dans le cadre de l'enquête sur la mort de la journaliste de Novaïa Gazeta et se serait servi de cette information pour organiser le crime.
Cette arrestation suscite beaucoup d'interrogations dans la mesure où Anna Politkovskaïa a été assassinée alors qu'elle enquêtait sur Ramzan Kadyrov, fils du président assassiné en 2004 et ancien opposant de Chamil Bouraïev. Les intérêts de Chamil Bouraïev n'auraient en effet jamais contredit ceux d'Anna Politkovskaïa, d'après l'actuel responsable du district d'Atchkhoi-Martan, Moussa Dadaïev. Il n'aurait vraisemblablement jamais pu disposer des contacts et des moyens nécessaires pour organiser un assassinat a indiqué Malik Saïdoullaev, président du Conseil d'Etat tchétchène.
La semaine précédente, Chamil Bouraïev confiait au quotidien Kommersant qu'il avait côtoyé Pavel Riaguzov à de rares occasions, mais n'avait jamais discuté avec lui de la journaliste défunte et avait perdu le contact avec lui depuis la fin de ses fonctions officielles en 2003. De fait, la journaliste n'a écrit en tout et pour tout qu'un seul article concernant Chamil Bouraïev. Publié en 2003, il décrivait la position de faiblesse de ce dernier dans ses rapports avec Akhmat Kadyrov, victorieux à ses dépens lors de l'élection présidentielle tchétchène.
Néanmoins, l'un des rédacteurs en chef adjoints de Novaïa Gazeta, Sergueï Sokolov, a fait savoir que l'arrestation de Chamil Bouraïev ne constituait pas une surprise pour la rédaction, mais relevait du miracle du fait des fuites dans la presse concernant l'implication de celui-ci dans l'assassinat de sa collègue. Le trihebdomdaire s'inquiète plus généralement des fuites régulières survenues ces dernière semaines qui auraient pu permettre aux suspects de s'enfuir en apprenant par voie de presse que leur nom apparaissait dans les conclusions de l'enquête. Pour le rédacteur en chef adjoint du trihebdomadaire, il n'est pas impossible que les véritables responsables de ces fuites soient les commanditaires de l'assassinat de la journaliste.
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5 septembre 2007
Coups de théâtre et confusions nourrissent les doutes sur la capacité de la justice à faire la lumière sur l'assassinat d'Anna Politkovskaïa
“Les rebondissements multiples survenus depuis l'annonce, la semaine dernière, de l'arrestation de dix suspects par le procureur général Iouri Tchaïka, nourrissent nos doutes quant aux capacités et à la détermination des autorités russes à faire la lumière sur l'assassinat d'Anna Politkovskaïa, près d'un an après sa disparition brutale. Une entreprise de décridibilisation, orchestrée par ceux qui ont intérêt à ne pas voir aboutir l'enquête, n'aurait pas été plus efficace. Cela ne doit pas faire oublier le plus grave : des membres des forces de l'ordre auraient prêté leur concours au crime organisé pour assassiner la journaliste”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Les déclarations, démentis et revirements successifs des dernières quarante-huit heures confèrent un caractère regrettablement confus à l'action des autorités russes, totalement incompatible avec la gravité et le sérieux que l'on est en droit d'attendre s'agissant d'une affaire aussi importante “, a ajouté l'organisation.
”Nous appelons la justice à garder à l'esprit l'exigence de vérité à l'égard des familles et collègues d'Anna Politkovskaïa. Nous partageons leur inquiétude après l'annonce de la nomination de Sergueï Ivanov à la tête des enquêteurs et nous espérons que ces changements ne nuiront pas à la qualité du travail d'investigation”, a conclu Reporters sans frontières.
Le 4 septembre 2007, le parquet général a fait savoir dans un communiqué qu'une nouvelle brigade d'enquête avait été créée et que Sergueï Ivanov, chef du département d'enquête sur les affaires de haute importance au sein du parquet, dirigerait et coordonnerait l‘activité des deux groupes, alors que Piotr Garibian était jusque-là, seul chargé de l'enquête. Le parquet général a justifié sa décision par le volume de travail à traiter dans cette affaire. Mais le fait que le comité de suivi qui aura la responsabilité d'affaires particulièrement sensibles doive entrer en activité le 7 septembre semble expliquer ces mouvements.
Le même jour, on a appris que l'arrestation d'un officier du FSB, Pavel Riagouzov, jugée illégale le 3 septembre par un juge de cassation d'un tribunal militaire de Moscou, avait été confirmée par d'autres magistrats. Cependant, des informations contradictoires circulent sur le crime pour lequel l'officier aurait été arrêté. Selon son avocat, il serait poursuivi dans le cadre d'une affaire datant de 2002 sans lien avec la mort d'Anna Politkovskaïa.
Deux autres personnes figurant sur la liste des suspects publiée, le 28 août 2007, dans le quotidien Tvoï Den, Alexeï Berkine - garde du corps - et Oleg Alimov - ancien policier moscovite - auraient été relâchées pour manque de preuves. Un autre suspect, Sergueï Khadjikourbanov, policier spécialisé dans la lutte contre le crime organisé, se trouvait en prison à la date des faits.
L'avocate de la famille d'Anna Politkovskaïa, Anna Stavitskaïa, a fait savoir qu'elle avait exigé du parquet qu'une enquête soit menée afin d‘identifier les personnes ayant révélé l'identité des suspects.
Le 27 août 2007, le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, avait annoncé avoir procédé à l'arrestation d'une dizaine de suspects dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, le 7 octobre 2006. Il a privilégié la piste tchétchène et mis en cause une bande organisée dirigée par "le chef d'un gang criminel de Moscou, d'origine tchétchène", et comprenant dans ses rangs d'anciens agents et d'autres encore actifs du ministère de l'Intérieur et du FSB.