Afin de montrer l’envers du décor de cette célébration sportive, l’organisation rend public un visuel inspiré de l’”Homme au Tank”, ou “Homme de Tiananmen”, surnom de l’anonyme devenu mondialement célèbre en juin 1989 pour avoir bloqué l’espace de quelques instants la progression d’une colonne de chars de l’armée populaire de libération lors des manifestations de la place de Tiananmen.
La Chine occupe la 173e place sur 179 pays dans le
classement mondial de la liberté de la presse. Le contrôle de l’information passe par la censure des médias chinois, des entraves à la couverture de la presse étrangère, des représailles contre les acteurs de l’information et une recrudescence des blocages et de la surveillance d’Internet.
Représailles contre les acteurs chinois de l’information
A ce jour, 30 journalistes et 69 net-citoyens sont emprisonnés, ce qui fait du pays la plus grande prison du monde pour les acteurs de l’information.
L’acharnement des autorités envers les défenseurs des droits de l’homme s’est nettement accentué depuis les appels à la “révolution de jasmin”. Détentions arbitraires, procès inéquitables et lourdes condamnations se sont récemment multipliés et les cyberdissidents ont été particulièrement ciblés.
Le 1er janvier 2012, le célèbre avocat des droits de l’homme
Gao Zhisheng (高智晟) avait été renvoyé en prison pour avoir prétendument “violé les conditions de sa mise en liberté”. D’autres acteurs de l’information et défenseurs des droits de l’homme, l’avocate
Ni Yulan (倪玉兰) et son époux
Dong Jiqin (董继勤), les cyberdissidents
Chen Xi (陈西) et
Chen Wei (陈卫), le poète
Li Bifeng, ami de l’écrivain en exil
Liao Yiwu, ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 12 ans de prison.
Harcèlement et pressions exercées sur les familles des dissidents sont monnaie courante.
Les proches du Prix Nobel de la Paix
Liu Xiaobo, emprisonné depuis 2009, de l’avocat et dissident
Chen Guangcheng, ou du dissident
Zhang Lin, ont récemment subi les représailles des autorités.
Censure de la presse et propagande
Le Bureau de la Publicité (anciennement Bureau de la Propagande) transmet chaque jour des directives très précises aux médias chinois, et notamment aux sites d’information, leur signalant les sujets ou événements à ne pas couvrir, les sujets dont ils sont autorisés à parler en reprenant une dépêche de l'agence officielle
Xinhua, et ceux qu’ils sont autorisés voire incités à couvrir. Dès lors qu’une affaire mobilise l’attention des médias, en ligne ou hors ligne, ou de l’opinion publique, les membres du Bureau leur rappellent l’importance de la stabilité politique et sociale de la Chine.
Le 3 janvier 2013, l’éditorial du Nouvel An de l’hebdomadaire réformiste
Nanfang Zhoumo (南方周末 ), qui évoquait les espoirs de changements pour la nouvelle année, a été censuré par le Département de la propagande, initiant une mobilisation sans précédent de journalistes et de net-citoyens en faveur de la liberté de l’information.
Les autorités pratiquent la désinformation et la censure pour contrôler leur image, notamment à l'international, quelles qu’en soient les conséquences pour la population. Elles ont attendu trois semaines après le décès de personnes ayant contracté le virus H7N9, y compris à Shanghai, pour communiquer sur un risque d'épidémie. Une dizaine d'internautes qui ont relayé en ligne des cas d'infection
ont été arrêtés à travers le pays pour avoir diffusé des 'fausses informations'.
La Chine, "Ennemie d’Internet"
La Chine fait partie des Etats qui ont mis en place les systèmes de censure et de surveillance du Net les plus sophistiqués au monde, connu sous le surnom de Great Firewall, ou Grande Muraille électronique de Chine. (Voir le Rapport spécial surveillance "
Les Ennemis d'Internet")
A l’occasion du 18ème Congrès du Parti communiste, en novembre 2012, les autorités ont mis le système à jour pour neutraliser les solutions de VPN fournies par des sociétés étrangères.
Sur Internet, des mots-clés tels que “droits de l’homme”, “Tiananmen” ou “Liu Xiaobo” sont en permanence bloqués. Le régime enrôle les entreprises privées telles que les réseaux sociaux Tencent ou Sina pour surveiller les propos des internautes et retirer les sujets sensibles.
Les médias étrangers dans le collimateur des autorités
Le Parti entend également contrôler la couverture faite par la presse étrangère, dont le rôle demeure primordial, tant pour informer la communauté internationale que la population chinoise, victime de la censure accrue que les autorités imposent à la presse locale.
Après la censure, le 29 juin 2012, du site d’information du groupe Bloomberg, suite à son enquête sur la fortune de la famille de Xi Jinping, le
New York Times a lui aussi été
censuré et menacé de poursuites judiciaires après la publication d’un article sur la fortune accumulée par la famille du Premier ministre, Wen Jiabao. Interrogée par Reporters sans frontières, la
BBC a
annoncé que “des coupures intermittentes (de ses programmes) ont été identifiées (...) et se sont intensifiées au cours du mois de février”. Au cours du mois de mars,
deux journalistes de Skynews ont été arrêtés. En octobre 2012, un journaliste de l’Agence France-Presse a été détenu.
Les refus d’accréditation et de visas sont également en nette augmentation.
Reporters sans frontières appelle le gouvernement chinois à :
* Libérer tous les journalistes et les cyber-dissidents emprisonnés pour leurs activités d’information.
* Mettre fin aux pratiques de détention arbitraire, de surveillance et de harcèlement des journalistes, des dissidents et de leurs familles.
* Permettre à tous les journalistes étrangers de travailler dans des conditions normales et renoncer au chantage ou aux pressions diverses telles que le refus de visas et d’accréditations.
* Mettre un terme à la censure, en renonçant aux directives adressées aux médias et au filtrage de l’information exercée par la Grande Muraille électronique.