Reporters sans frontières déplore les pressions exercées par des responsables gouvernementaux pour qu'une émission, diffusée en direct sur la chaîne d'Etat Rupavahini soit interrompue. Cette censure intervient alors que les critiques sur la nouvelle loi sur les médias audiovisuels ont contraint le gouvernement à faire marche arrière.
Reporters sans frontières déplore les pressions exercées par des responsables gouvernementaux pour que l'émission "Ira Anduru Pata" du 4 novembre dans la soirée, diffusée en direct sur la chaîne d'Etat Rupavahini soit interrompue. Trois invités, dont Uvindu Kurukulasuriya, responsable de l'organisation Free Media Movement (FMM), y débattaient de la loi sur les médias audiovisuels. Après 45 minutes de programme, le présentateur a annoncé le lancement d'un message publicitaire, mais la seconde partie de cette émission, qui dure normalement deux heures, a été supprimée. Avant d'être censuré, Uvindu Kurukulasuriya avait critiqué la politique gouvernementale vis-à-vis des médias. C'était la première fois depuis neuf ans que ce militant de la liberté de la presse était invité sur Rupavahini.
Cette censure intervient alors que les critiques sur la nouvelle loi sur les médias audiovisuels ont contraint le gouvernement à faire marche arrière. Après avoir reçu les organisations de journalistes et des patrons de médias, le ministre des Médias et de l'Information, Anura Priyadharshana Yapa, a annoncé que l'application du texte allait être suspendue pendant un mois. Le ministre a donné deux semaines aux médias pour soumettre leurs propositions d'amendements à la loi.
Quatre personnes, dont Uvindu Kurukulasuriya au nom du FMM, ont déposé une plainte devant la Cour suprême pour contester cette loi publiée au journal officiel du 10 octobre dernier, sans aucune forme de consultation préalable. Les Private Television Broadcasting Station Regulations imposent un cadre très strict au développement des chaînes de télévision privées, en accordant au gouvernement un pouvoir accru sur la délivrance ou le retrait des licences de diffusion. Selon ce texte, les chaînes seraient également tenues de renouveler leur licence chaque année.
L'organisation prend acte de la décision du gouvernement de suspendre l'application de la législation. "Ce texte est extrêmement dangereux pour la liberté des médias. Il ne suffit pas de reculer l'échéance, mais de changer radicalement le contenu de la loi", a demandé Reporters sans frontières.