Brouillage de Radio Erena : Reporters sans frontières porte plainte contre X
Le 6 novembre 2012, Reporters sans frontières a déposé une plainte contre X auprès du procureur de la République pour les actes de piratage dont est victime Radio Erena, un média érythréen en exil, basé en France, émettant par satellite dans la corne de l’Afrique et soutenu par l’organisation de défense de la liberté de l’information.
Le 14 août dernier, une porteuse pirate est venue brouiller le signal de la station et perturber sa diffusion. La société Arabsat, qui émettait Radio Erena sur le satellite BADR-6, a alors décidé de la suspendre. Après un bref rétablissement, du 2 au 4 septembre, la radio a de nouveau été visée par une onde malveillante et suspendue jusqu’à nouvel ordre.
Le 28 août, c’est le site Internet de la station, www.erena.org, qui avait fait l’objet d’une cyberattaque.
Plus d’informations sur tout ces actes de piratage.
“Depuis plus de trois mois maintenant, les ondes de Radio Erena sont paralysées et ses programmes ne sont plus reçus par les Erythréens de l’intérieur. Une information judiciaire doit être ouverte afin d’établir avec précision l’origine de ces actes de sabotage et pour que leurs auteurs et commanditaires soient poursuivis. Par cette démarche, nous souhaitons que la lumière soit faite sur les circonstances exactes du piratage de la station : d’où part le brouillage? qui l’a ordonné? etc.”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Les enquêtes de géolocalisation consécutives au brouillage du signal indiquent que la porteuse pirate provient d’Erythrée. Asmara serait donc responsable de cette manœuvre visant à bâillonner Radio Erena. Rien d’étonnant, au fond, tant il est évident que ce média indépendant dérange le gouvernement de ce pays classé, depuis cinq ans, en dernière position du classement mondial de la liberté de l’information. Mais le régime du président Issaias Afeworki ne pourra s’en tirer ainsi. La plainte que nous déposons rappelle que ce piratage est totalement illégal. Ni Radio Erena ni Reporters sans frontières n’ont dit leur dernier mot”.
Le site Internet a pu être réparé par l’équipe de Radio Erena et ses soutiens, et des sites miroirs ont été créés. La radio n’a, en revanche, pas encore fait son retour sur le satellite et n’est donc pas reçue en Erythrée ni dans la corne de l’Afrique. Elle n’émet pour l’instant que sur Internet où seule la diaspora peut y avoir accès, le réseau Internet n’étant pas suffisamment développé en Erythrée.
Basée à Paris, Radio Erena est conventionnée auprès du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) français. La présente plainte se fonde sur le délit de “perturbation de l’émission hertzienne d’un service autorisé” et sur le délit “d’entrave à un système de traitement automatisé de données”, délits prévus et réprimés par les articles L. 39-1 du Code des postes et communications électroniques et les articles 323-2 et 323-5 du Code pénal.
Radio Erena dans la presse française et internationale :
- “Radio Erena, bec et ondes” (Libération)
- “Radio Erena, la voix libre que l’Erythrée veut bâillonner” (Le Monde)
- “Radio Erena est l’unique station indépendante qui émet en Erythrée, il est normal qu’ils n’aiment pas ça” (Interview de Biniam Simon par Sonia Rolley, RFI)