A la veille de l'enterrement de l'ancien Premier ministre chinois Zhao Ziyang, le Parti communiste et l'Etat redoublent d'efforts pour empêcher la diffusion dans les médias de toute information à ce sujet. Ainsi, sur Internet, son nom est absent des forums de discussion et des moteurs de recherche. La presse étrangère s'est vu refuser le droit d'assister à l'enterrement.
Reporters sans frontières est indignée par l'acharnement avec lequel le Parti communiste chinois (PCC) tente de censurer toute information relative au décès de Zhao Ziyang. « Depuis le massacre de la place Tiananmen, on avait rarement vu une telle mobilisation de l'appareil d'Etat pour empêcher la diffusion d'informations sur un sujet précis. La communauté internationale doit intervenir auprès du gouvernement chinois pour faire cesser cette censure implacable sur le père des réformes économiques et politiques en Chine populaire », a affirmé Reporters sans frontières. L'organisation déplore qu'une fois encore la presse étrangère soit empêchée de couvrir un événement qui gêne les autorités.
La mort, le 17 janvier 2005, de Zhao Ziyang, Premier ministre de 1980 à 1987 et secrétaire général du PCC jusqu'en 1989, a été annoncée par une dépêche sibylline de soixante mots de l'agence de presse gouvernementale Xinhua (Chine nouvelle). Ses fonctions au sein du PCC n'étaient pas mentionnées et aucune photo n'accompagnait la dépêche.
Le PCC a mis en place une commission spéciale chargée d'organiser les funérailles de Zhao Ziyang, accusé d'avoir « soutenu les émeutes » en 1989. Il a vécu pendant plus de quinze ans en résidence surveillée à Pékin, interdit de contact avec la presse. A travers le Département de la propagande, les chaînes de télévision et les radios se sont vu interdire la publication d'informations sur l'ex-Premier ministre. La presse a été autorisée à publier la dépêche de Xinhua intitulée « Le camarade Zhao Ziyang est mort », mais pas en une.
Par ailleurs, les chaînes de télévision étrangères accessibles par satellite, notamment CNN, Bloomberg et BBC World Service, ont été censurées dès qu'elles ont fait état du décès de Zhao Ziyang.
Les funérailles prévues pour le 29 janvier dans le cimetière de Babaoshan (ouest de Pékin) ont été placées sous haute surveillance. Les cadres du PCC ont été interdits de s'y rendre et des dizaines de personnes ont été placées en résidence surveillée pour les empêcher d'assister aux obsèques. C'est le cas de Liu Xiaobo, intellectuel démocrate, et Yu Shicun, l'ancien directeur du magazine Zhanlue Yu Guanli (Stratégie et Management) interdit en septembre 2004. Au moins cent personnes ont déjà été interpellées ou frappées pour avoir tenté de rendre hommage à l'ancien Premier ministre réformateur, notamment en portant une fleur blanche à la boutonnière. La presse étrangère a été empêchée de filmer devant son domicile à Pékin, où des centaines de personnes venaient lui rendre hommage. La correspondante de la BBC World Service a été refoulée à l'entrée du domicile.
Les correspondants de la presse étrangère n'ont pas été autorisés à couvrir les funérailles. Le 27 janvier, lors de sa conférence de presse quotidienne, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a affirmé qu'aucune couverture médiatique de l'enterrement n'avait été organisée. Interrogé sur la manière dont les journalistes seront traités s'ils tentaient de se rendre au cimetière, il a répondu : « Pourquoi voulez-vous aller au cimetière de Babaoshan ? » Afin d'éviter une présence massive de journalistes aux funérailles, le ministère a organisé, à la même heure, une conférence de presse à l'aéroport de Pékin pour présenter le premier vol direct entre la Chine populaire et Taïwan.
Les autorités sont également parvenues à contrôler très efficacement les informations circulant sur la Toile. L'annonce du décès de l'ancien leader communiste avait immédiatement déclenché une vague de messages sur les forums de discussion du pays. Mais, très rapidement, ces messages ont été supprimés et des consignes très strictes ont été données aux responsables des forums. Depuis, plus aucune réaction sur cet événement n'a été mise en ligne, hormis les courtes déclarations officielles. Même le forum de l'université de Pékin, habituellement assez polémique, n'a hébergé aucune discussion sur le sujet.
Selon le site chinois sur les droits de l'homme Cicus (
www.cicus.org), le Département de la propagande du Parti communiste a notifié aux grands portails Internet du pays (Sina, Sohu, NetEase), dès le
17 janvier, qu'ils devaient supprimer toute information relative à Zhao Ziyang.
De même, des commentaires avaient rapidement fleuri sur des blogs, notamment sur cnblog.org (
voir les archives de cette publication, où figurent encore des messages sur Zhao Ziyang). Mais, d'après le China Herald (
www.chinaherald.net), un blog traitant du développement des nouvelles technologies en Chine, la police a très rapidement appelé les différents hébergeurs de blogs chinois pour leur demander de bloquer tous les messages sur cet événement.
Enfin, une recherche sur le nom de l'ancien Premier ministre dans le moteur de recherche chinois Baidu - entreprise dans laquelle Google a récemment investi - ou dans la version chinoise de Yahoo!, qui accepte de s'autocensurer sur les consignes de Pékin, ne donne aucun résultat…