Birmanie : RSF dénonce la condamnation de deux journalistes indépendants par la junte militaire

Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate de deux journalistes birmans, dont les lourdes condamnations pour terrorisme viennent seulement d’être rendues publiques. Alors que le harcèlement judiciaire à l'encontre des journalistes atteint des niveaux sans précédent, la communauté internationale doit agir de toute urgence pour mettre fin à la répression par la junte du droit à l'information.
 

Le 27 août 2024, l'équipe éditoriale de Dawei Watch, un média en ligne indépendant birman, a révélé sur les réseaux sociaux que deux de leurs collègues, les journalistes Myo Myint Oo et Aung San Oo, avaient été condamnés respectivement à la prison à perpétuité et à 20 ans de prison. Les deux reporters ont été condamnés en vertu de la loi antiterroriste du pays par un tribunal militaire de la prison de Myeik, située dans le sud de la Birmanie. Aung San Oo, 49 ans, a été condamné en février, et Myo Myint Oo, 41 ans, en mai, bien que le tribunal n'ait pas révélé pourquoi les journalistes étaient coupables de “terrorisme” et n'ait jamais publié le verdict.

Les deux journalistes ont été arrêtés à leur domicile en décembre 2023 par des policiers et des militaires qui ont confisqué leurs ordinateurs portables et leurs téléphones, avant de les emmener pour les interroger. Selon leur rédacteur en chef, les soldats de la junte ont prétendu que les arrestations étaient des représailles car ils ont “publié des articles”. Myo Myint Oo et Aung San Oo auraient été battus pendant leur détention et n'auraient pas eu accès à un avocat.

“L'extrême sévérité des peines récemment prononcées par les tribunaux militaires birmans illustre la manière dont la junte tente de réduire au silence les journalistes indépendants qui rendent compte du conflit dans le pays. Nous exhortons la communauté internationale à accroître la pression sur le régime birman pour qu'il cesse sa campagne de terreur contre les reporters et libère immédiatement ces deux journalistes ainsi que les 60 autres actuellement emprisonnés dans le pays.

Cédric Alviani
Directeur du Bureau Asie-Pacifique de RSF

Média en ligne spécialisé dans la couverture de l'actualité locale dans le sud de la Birmanie, Dawei Watch est contraint d'opérer dans la clandestinité depuis la répression à grande échelle de la liberté de la presse initiée par la junte militaire à la suite de son coup d'État de février 2021. Deux autres journalistes et un membre du personnel du média ont été détenus pendant huit jours par la junte en janvier 2022.

Le régime militaire, qui a déjà emprisonné de nombreux journalistes ou les a poussés à l'exil, a récemment alourdi les peines de prison pour les journalistes. La documentariste primée Shin Daewe a été condamnée à la prison à vie en janvier 2024 sur la base d'accusations de “soutien” au terrorisme forgées de toutes pièces. Fin 2023, le photojournaliste Sai Zaw Thaike a lui été condamné à 20 ans de prison pour divers chefs d'accusation, dont désinformation et sédition, qui sont couramment utilisés par la junte pour persécuter les journalistes.

Avec sept journalistes tués par l’armée depuis 2021, la Birmanie est devenue l'un des pays les plus dangereux au monde pour les professionnels des médias. Le pays occupe la 171e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

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Birmanie
171/ 180
Score : 24,41
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