Birmanie : deux journalistes étrangers risquent trois ans de prison pour avoir voulu tourner des images au drone

Déjà condamnés à deux mois de prison la semaine dernière, un cameraman singapourien et une réalisatrice malaisienne, qui travaillaient pour la télévision publique turque, doivent comparaître pour des charges supplémentaires demain jeudi 16 novembre. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités judiciaires de Naypyidaw à abandonner les charges infondées qui pèsent sur les deux reporters.

Ils avaient obtenu toutes les autorisations nécessaires, selon la TRT, la chaîne de télévision publique turque qui leur avait commandé un documentaire en Birmanie. C’est pourquoi la réalisatrice malaisienne Mok Choy Lin et le reporter d’images singapourien Lau Hon Meng ne se doutaient pas qu’ils allaient être arrêtés lorsqu’ils ont voulu filmer des images avec un drone, le 27 octobre dernier.


Après avoir interviewé un membre du Parlement de Naypyidaw, ils ont voulu tourner des images à proximité du bâtiment. A peine avaient-ils sorti l’appareil de sa housse que la police les a arrêtés, en compagnie du journaliste Aung Naing Soe, qui leur servait de traducteur, et de leur chauffeur Hla Tin, tous deux de nationalité birmane.


Les quatre individus ont été condamnés le 10 novembre à deux mois de prison chacun, pour avoir prétendument violé une loi sur l’aéronautique de 1934. Demain jeudi, c’est en vertu de la section 8 de la loi sur l’import-export qu’un juge va décider du sort des deux journalistes. Ils risquent jusqu’à trois ans de prison supplémentaires.


“La justice birmane doit abandonner ce chef d’accusation fallacieux, qui a clairement été instrumentalisé pour empêcher des reporters de faire leur travail, remarque Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous nous joignons au soutien apporté aux journalistes par la chaîne turque TRT, et nous appuyons les démarches entreprises par les consulats de Malaisie et de Singapour pour obtenir leur libération la plus rapide. Les journalistes et leurs collaborateurs ne doivent pas payer le prix des contingences politiques et diplomatiques.”


En plein exode des Rohingyas, le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait parlé en septembre de “génocide” pour décrire les actions menées par l’armée birmane dans l’Etat de l’Arakan, ce qui a envenimé les relations entre Ankara et Naypyidaw.


La Birmanie occupe la 131ème place sur 180 dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2017 établi par RSF.

Publié le
Updated on 15.11.2017