Bernard Tapie journaliste : un jeu dangereux pour la démocratie

Reporters sans frontières s’indigne que Bernard Tapie, actionnaire unique du groupe de presse La Provence, procède à une série d’interviews politiques dans le cadre de la campagne pour l’élection municipale à Marseille. Dans un entretien fleuve à son propre journal, publiée lundi 10 mars, l’ancien ministre, aussi ancien député et ancien membre du Parti Radical de Gauche, annonçait qu’il poserait lui-même les questions lors de dîners en tête à tête filmés avec les “principaux candidats”, qui devraient être diffusés sur le site du journal La Provence à compter du 12 mars. « Cette ingérence flagrante d’un propriétaire dans le contenu de son journal, dans un moment important de la vie démocratique de la troisième ville de France, est un jeu dangereux pour la démocratie, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. L’initiative de Bernard Tapie relève d’un mélange des genres inquiétant, qui fait fi de l’essence du journalisme. Tout le monde peut devenir un jour journaliste, il ne s’agit pas d’une profession protégée. Mais le journalisme n’est digne de ce nom, selon l’expression consacrée par la charte de 1918, que s’il est exercé de façon indépendante. » S’il suffit d’acheter un journal pour en devenir le rédacteur en chef, l’éditorialiste ou l’intervieweur vedette, alors nous pouvons craindre pour la crédibilité du journalisme et plus largement la santé de notre démocratie. Bernard Tapie doit prendre la mesure de sa position d’actionnaire de groupe de presse et se tenir à distance de la production des contenus. Ses intérêts propres ne sauraient interférer avec les choix éditoriaux des journalistes du groupe La Provence, sous peine de poser un problème de conflit d’intérêt évident.
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Updated on 20.01.2016