Bangladesh : RSF exige la libération immédiate du photographe Shahidul Alam

Une semaine après sa brutale arrestation, le célèbre photoreporter Shahidul Alam a été renvoyé en prison par un juge de Dacca hier dimanche 12 août, sous des prétextes fallacieux. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate et inconditionnelle.

Des “propos provocateurs”... C’est le chef d’accusation pour le moins captieux qu’un tribunal de Dacca a retenu hier, dimanche 12 août, pour renvoyer le photographe bangladais Shahidul Alam en prison, après bientôt dix jours de détention. Son avocat avait formulé une demande de libération conditionnelle en fin de semaine dernière. Arrêté à son domicile par une trentaine d’hommes le soir du 5 août pour avoir publié sur Facebook des informations concernant les protestations étudiantes, Shahidul Alam est poursuivi en vertu de la “célèbre” et calamiteuse section 57 de la Loi sur les technologies de l’information et de la communication (TIC). Il encourt quatorze ans de prison.


“La justice bangladaise doit retrouver une semblant de crédibilité en relâchant immédiatement Shahidul Alam, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Sur la forme, absolument rien, dans la procédure, ne justifie que le photographe soit ainsi maintenu en détention. Quant au fond de l’affaire, il est inadmissible qu’un journaliste soit poursuivi pour avoir exercé son métier en diffusant des informations d’intérêt public. 


"Shahidul Alam sert clairement de bouc émissaire pour intimider toute voix indépendante. A cinq mois des élections générales, nous demandons au  gouvernement de Sheikh Hasina de donner de sérieux gages quant au respect de la liberté de la presse.”


L’arrestation de Shahidul Alam est intervenue au terme d’une journée noire pour les journalistes bangladais, dont près d’une trentaine ont été pris pour cible par la Ligue Chhatra, la branche étudiante du parti au pouvoir. Depuis le début du mouvement de protestation étudiante à Dacca pour des routes plus sûres, lancé après la mort de deux adolescents renversés par un bus le 29 juillet, RSF a dénombré des violations répétées de la liberté d’informer par différentes branches des autorités bangladaises - censures de médias, blocage des réseaux d’information, arrestations et attaques physiques contre les journalistes.


En fin de semaine dernière, la police a annoncé avoir placé en garde à vue 12 utilisateurs de réseaux sociaux pour avoir diffusé de soit-disant “fausses informations”, à l’instar de Shahidul Alam.


Le Bangladesh se situe à la 146ème place sur 180 dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2018 établi par RSF.

Publié le
Updated on 13.08.2018