Bahreïn : “Ne laissons pas Abduljalil Al-Singace s’éteindre et tomber dans l’oubli”, alerte RSF

Cela fait un an que le blogueur Abduljalil Al-Singace est en grève de la faim. Il purge depuis onze ans une peine de prison à vie et son état de santé se détériore. Reporters sans frontières (RSF) en appelle à la responsabilité du Royaume de Bahreïn pour le libérer sans plus tarder. 

Ne laissons pas Abduljalil Al-Singace s’éteindre et tomber dans l’oubli, alerte la responsable du bureau Moyen-Orient, Sabrina Bennoui. Le blogueur croupit en prison depuis plus de onze ans et c’est déjà bien trop. Qu’attend le royaume de Bahreïn pour prendre la mesure de l’urgence ? Nous en appelons à la responsabilité des autorités pour le libérer sans plus tarder.

Onze ans en prison, un an sans manger. Le blogueur bahreïni Abduljalil Al-Singace, condamné en juin 2011 à la réclusion à perpétuité, joue sa dernière carte. Le 8 juillet 2021, il entamait une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. 

Figure emblématique de la contestation populaire de 2011, Abduljalil Al-Singace a été condamné pour “création de groupes terroristes en vue de renverser la monarchie et de changer la Constitution”. Ingénieur de formation, il publiait sur son blog, Al-Faseelah, des articles sur la situation des droits de l’Homme, la répression de l’opposition politique et la discrimination des chiites dans le pays. Son site a rapidement été bloqué par les autorités. 

Aujourd’hui, il a perdu plus de 25 kg. “Il est faible, il tremble parfois, le bout de ses doigts est froid, il est pâle”, s’inquiète un membre de sa famille joint par RSF. Comment parvient-il encore à survivre ? “Il boit du thé avec du lait et du sucre et prend des vitamines, explique sa famille. Les autorités ont pendant un temps retiré le sucre et le lait pour le pousser à suspendre sa grève de la faim”.

Âgé de 60 ans, Abduljalil Al-Singace est actuellement hospitalisé au centre médical de Kanoo. Sa glycémie et sa tension sont basses et sa vision diminue. Ces complications s’ajoutent à des problèmes de santé qu’il a traînés avec lui en prison : il souffre notamment d’un syndrome post-polio qui lui provoque des douleurs musculaires et de l'arthrite, ce qui le contraint à se déplacer avec des béquilles. En 2011 déjà, il apparaissait en fauteuil roulant lors des marches pacifiques.

À l’origine de sa décision de ne plus s’alimenter : la confiscation de ses travaux de recherche par l’administration pénitentiaire. Depuis plusieurs années, Abduljalil Al-Singace a entamé en détention un travail sur la culture et les différents dialectes à Bahreïn. “Il est déterminé à continuer jusqu’à ce que ses manuscrits soient transmis à sa famille”, explique-t-on à RSF. Car malgré le caractère apolitique de ses écrits, les autorités ont exigé de relire ses travaux et de pouvoir les modifier avant une éventuelle publication, ce qu’il refuse. En 2015, le blogueur avait déjà mené une première grève de la faim pendant plus de 300 jours. 

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