Bélarus : RSF condamne la perquisition des locaux de deux médias indépendants

Reporters sans frontières (RSF) condamne les perquisitions menées ce 7 août 2018 dans les rédactions de deux médias bélarusses indépendants, l’agence BelaPAN et le site d’information Tut.by.

La police bélarusse a perquisitionné les locaux de l’agence de presse BelaPAN et du site d’information Tut.by le 7 août à Minsk, paralysant pendant plusieurs heures le travail de ces deux médias indépendants de référence. La rédactrice en chef de Tut.by, Maryna Zolatava, ses collègues Hanna Kaltyhina et Halina Oulassik, ainsi que la correspondante de BelaPAN Tatsyana Karaviankova, ont été placées en garde à vue pour interrogatoire. Les policiers ont également perquisitionné la maison de campagne de cette dernière et le domicile d’une des rédactrices de Tut.by, Ouliana Babayed. D’autres interpellations étaient rapportées dans l’après-midi.


Le Comité d’enquête accuse des collaborateurs de ces deux titres et de la maison d’édition scientifique Belorousskaïa Naouka d’avoir illégalement accédé aux dépêches de l’agence de presse officielle BelTA en utilisant les identifiants d’un abonné. Ces dépêches sont réservées aux abonnés pendant un quart d’heure avant d’être rendues publiques. Une enquête pénale a été ouverte pour “accès illégal à des informations informatiques”, un délit passible d’un maximum de deux ans de prison.


“Ces perquisitions, qui compromettent la protection des sources journalistiques, sont totalement disproportionnées au regard des accusations, souligne Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Difficile d’y voir autre chose que des mesures d’intimidation à l’encontre de médias indépendants de référence, dans un contexte de pressions accrues contre les voix critiques. Nous appelons les autorités bélarusses à laisser les journalistes faire leur travail librement.”


“Il est honteux que les autorités utilisent BelTA pour empêcher notre agence de presse indépendante de faire son travail”, déclare à RSF la rédactrice en chef de BelaPAN, Iryna Lewchyna. “Nous avons toujours utilisé légalement les informations de BelTA accessibles publiquement, en les créditant et en fournissant un lien vers la dépêche originale.” La journaliste déplore par ailleurs que BelaPAN n’ait pas accès aux informations officielles concernant le président et le gouvernement, ce qui la contraint à recourir régulièrement aux dépêches de l’agence d’Etat.


Échaudées par les vastes manifestations du printemps 2017, les autorités bélarusses redoublent d’efforts ces derniers mois pour contrôler l’information : réforme encore plus drastique de la loi sur les médias, blocage de sites d’information de référence, cascade d’amendes inédite contre les journalistes indépendants… Le Bélarus occupe la 155e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018, établi par RSF.

Publié le
Updated on 07.08.2018