Bélarus : après la liquidation de la BAJ, RSF appelle à soutenir la résistance des journalistes

La Cour Suprême a liquidé l’Association biélorusse des journalistes (BAJ). Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette décision politique, point d’orgue de la répression orchestrée par le pouvoir contre la presse indépendante depuis plus d’un an, et appelle à la solidarité de la communauté internationale pour les journalistes persécutés.

Le 27 août, le régime d’Alexandre Loukachenko a dissous la seule association de journalistes indépendante au Bélarus. Régulièrement harcelée par les autorités, l’Association biélorusse des journalistes (BAJ) était la cible d’une importante enquête depuis le 9 juin dernier. Privée d’accès à son siège, son compte bancaire gelé, l’association a subi des perquisitions et des saisies menées en l’absence de tout représentant, et sans recevoir d’information sur ces fouilles.


La Cour Suprême a réfuté les arguments de la BAJ sur l’absence de fondement juridique de cette liquidation, expliquant laconiquement que l’association avait “mal compris la loi”. Convaincue que la demande de dissolution ne visait qu’à empêcher l’organisation de défense des journalistes de continuer ses activités en faveur d’un journalisme libre, pluraliste et indépendant, RSF l’avait contestée via un amicus curiae


“La BAJ, notre partenaire, promeut la liberté de la presse depuis plus de 25 ans dans un contexte particulièrement difficile, mais elle n’avait jamais dû affronter une répression de cette ampleur, souligne la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Sa liquidation, sur la base de motifs fallacieux, n’entame pas la détermination des journalistes indépendants à continuer d’informer sur les réalités biélorusses. RSF appelle la communauté internationale à soutenir vigoureusement leur résistance et à continuer d’accueillir les journalistes contraints de fuir la persécution.”


Selon le président de la BAJ Andreï Bastounets, ses 1 500 membres “sont unis par la conscience de leur mission : élargir l’espace de la liberté d’expression au Bélarus (...) Nous poursuivrons notre travail indépendamment des décisions des tribunaux et des organes administratifs, par tous les moyens légaux”, a-t-il ajouté dans un communiqué.


D’autres organisations ont été dissoutes par les autorités, comme l’association de défense de la liberté d’expression et des droits des écrivains Pen Bélarus ou encore le Club de la presse du Bélarus. Six membres du Club avaient par ailleurs été arrêtés en décembre dans une affaire de fraude fiscale, officiellement classée le 31 août. 


Mais l’une d’eux reste en prison sur la base de nouvelles poursuites pénales (secrètes), symbole de la persécution des journalistes menée par le régime qui met tout en œuvre pour les terroriser depuis plus d’un an. Contrairement à ses confrères du Press Club, Ksenia Loutskina, ancienne journaliste de la télévision d'État démissionnaire, qui projetait de créer une chaîne indépendante, a refusé de signer une demande de grâce présidentielle à Alexandre Loukachenko. Sa santé s’est fortement dégradée : la journaliste souffre de graves maux de tête dus à une tumeur au cerveau qui s’est développée depuis le début de son incarcération, il y a huit mois, alors qu’elle était auparavant en rémission. 


Pays le plus dangereux pour les journalistes en Europe, le Bélarus a perdu 5 places (158e sur 180) au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF. 

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Mise à jour le 01.09.2021