Azerbaïdjan : “RSF dénonce un traitement inhumain qui met en péril la vie du journaliste Polad Aslanov”
Alors que le reporter entame sa deuxième semaine de grève de la faim pour protester contre la violation de ses droits, sa santé se détériore. Reporters sans frontières (RSF) demande la mise en place d’une assistance médicale.
Après 19 mois de prison et huit jours de grève de la faim pour demander un procès équitable et un transfert en assignation à résidence, la santé du journaliste azerbaïdjanais Polad Aslanov se dégrade. Le reporter, qui pesait seulement 44 kg avant d’entamer sa grève de la faim, se plaint de douleurs aux reins et à l’estomac alors que son épouse dénonce l’absence totale de suivi médical. Testé, sans raison apparente, pour le Covid-19 (sans résultat, à cette heure), elle craint qu’il ne soit envoyé dans une cellule pour “tuberculeux”, où les conditions sanitaires sont insalubres et propices à la transmission d’infections et de maladies.
Polad Aslanov a été condamné, le 16 novembre 2020, à seize ans de détention pour “haute trahison” sur la base d’accusations montées de toutes pièces. Le rédacteur en chef des sites d’information Xeberman et Press-az a fait appel de cette décision quelques jours plus tard mais a dû attendre le 4 février pour être entendu par le tribunal, un retard injustifié. Le reporter a ensuite été expulsé de son audience préliminaire pour avoir protesté contre la présence, pourtant illégale, de quatre agents de sécurité impliqués dans son inculpation et le refus du juge de laisser entrer les journalistes souhaitant y assister. La mesure ne s’applique habituellement qu’en cas de trouble à l’ordre de la salle.
“Les autorités s’acharnent contre Polad Aslanov, déjà condamné de manière totalement arbitraire, déclare la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale, Jeanne Cavelier. RSF dénonce un traitement inhumain qui met en péril la vie du journaliste et appelle Bakou à lui prodiguer une assistance médicale ainsi qu’à lui octroyer un procès équitable durant son jugement sur le fond, le 15 février.”
Le reporter, critique envers le pouvoir, enquêtait sur une affaire d’extorsion de fonds mettant en cause le Service de Sécurité de l’Etat (DTX), lorsqu’il a été arrêté et accusé de “haute trahison” pour le compte de l’Iran, le 14 juin 2019.
L'Azerbaïdjan occupe la 168e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. La plupart des médias critiques ont été réduits au silence ou à l’exil, les principaux sites d’information indépendants sont bloqués et pas moins de trois journalistes sont actuellement emprisonnés.