Azerbaïdjan : cinq ans et demi de prison avec sursis pour le journaliste d’opposition Moustafa Hadjibeïli

Mise à jour : Anar Mamedov a été condamné à cinq ans et demi de prison avec sursis le 18 mars 2019 pour des charges similaires, “appels à renverser le gouvernement”, “abus de pouvoir” et “faux et usage de faux”.



Le célèbre journaliste d’opposition azerbaïdjanais Moustafa Hadjibeïli a été condamné ce 21 février à cinq ans et demi de prison avec sursis. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un verdict absurde et demande son annulation en appel. 



Le verdict est tombé le 21 février 2019 : le rédacteur en chef du site d’information Bastainfo.com, Moustafa Hadjibeïli, est condamné à cinq ans et demi de prison avec sursis pour “appels à renverser le gouvernement”, “abus de pouvoir” et “faux et usage de faux”. Pendant ses deux ans de sursis, le journaliste est placé sous contrôle judiciaire et ne peut pas quitter le territoire. Il a annoncé son intention de faire appel.


Les articles incriminés revenaient sur le comportement du maire de Ganja (Ouest), victime d’une tentative d’assassinat en juillet dernier, et reprochaient aux autorités de ne pas être intervenues plus tôt pour mettre fin à ses abus et prévenir cette issue violente. Des propos qui avaient valu à Bastainfo.com d’être immédiatement bloqué sans décision de justice. Ces articles avaient pourtant déjà été publiés par d’autres médias avant d’apparaître sur Bastainfo.com. Et ni l’expertise légale, ni les témoins à charge n’ont pu préciser quels passages appelaient au renversement du régime, ce que les juristes indépendants démentent formellement.


Des accusations similaires sont brandies contre Anar Mammadov, le rédacteur en chef de Criminalaz.сom. Le journaliste, dont le site est lui aussi bloqué, risque jusqu’à 12 ans de prison. Son procès doit reprendre le 12 mars.


Cette condamnation absurde n’est qu’une nouvelle manœuvre d’intimidation à l’encontre des dernières voix critiques du pays, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous appelons instamment la communauté internationale à mettre en place des sanctions ciblées contre les responsables de la répression et à conditionner tout soutien financier à Bakou au respect de la liberté de la presse et des droits humains.


L’Azerbaïdjan occupe la 163e place sur 180 au Classement de la liberté de la presse établi par RSF en 2018. Les principaux médias critiques ont été réduits au silence ou à l’exil, les principaux sites d’information indépendants sont bloqués, pas moins de dix journalistes sont emprisonnés, et les activités des ONG de soutien aux médias sont criminalisées.

Publié le
Updated on 18.03.2019