Australie : la police fédérale perquisitionne le domicile de la journaliste politique Annika Smethurst

Reporters sans frontières (RSF) condamne avec la plus grande fermeté l’intrusion de policiers fédéraux au domicile d’une journaliste du groupe News Corp et dénonce une tentative d’intimidation qui fait peser de lourdes menaces sur l’indépendance des journalistes et le respect du secret des sources.

C’est le genre de visite surprise dont chaque journaliste aimerait se passer. La police fédérale australienne a débarqué ce mardi 4 juin, au domicile d’Annika Smethurst, responsable du service politique de plusieurs publications hebdomadaires du groupe de presse News Corp, dont le Sunday Telegraph. Les policiers ont fouillé l’intérieur de son domicile et saisi des documents écrits, son ordinateur et son téléphone portable. Ils ont agit en conformité avec un mandat émis par un juge de Canberra qui enquête officiellement sur la “publication d’informations classifiées comme secrets d’Etat” lesquelles pourraient, selon le document, porter atteinte à la sécurité nationale de l’Australie.


En fait de secrets d’Etat, Annika Smethurst avait publié en avril 2018 un article révélant un projet porté par les ministères de l’Intérieur et de la Défense, qui leur donnerait une totale latitude pour ordonner aux services secrets d’espionner les courriels, les textos ou les données bancaires de chaque citoyen australien.


"Intimidation"


“Le prétexte de la ‘sécurité nationale’ ne saurait légitimer une telle atteinte à la liberté de la presse sur un sujet d’intérêt éminemment public, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Ce mandat de perquisition est clairement un acte d’intimidation adressé aux reporters qui voudraient enquêter sur des sujets qui indisposent les autorités. Surtout, il fait peser des menaces inacceptables sur le respect du secret des sources. Nous appelons le gouvernement de Scott Morrison à cesser tout harcèlement contre les journalistes.”


Quelques heures après cette perquisition, le journaliste de radio et de télévision Ben Fordham, qui travaille pour 2GB et Sky News, a révélé avoir lui-même fait l’objet d’une enquête diligentée par le ministère de l’Intérieur après qu’il a diffusé, lundi 3 juin, des informations concernant le sort réservé à six bateaux de demandeurs d’asile à l'approche des côtes australiennes.


En chute de deux places par rapport à 2018, l’Australie se situe à la 21e place sur 180 pays dans le nouveau Classement mondial pour la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 05.06.2019