Depuis le 12 novembre 2006, le gouvernement érythréen procède à des rafles au sein du personnel des médias publics, ayant déjà conduit à l'arrestation d'au moins neuf journalistes. Les prisonniers auraient été transférés vers un centre de détention situé à Asmara, la capitale.
Reporters sans frontières est profondément révoltée par les nouvelles rafles de journalistes ordonnées, à partir du 12 novembre 2006, par le gouvernement érythréen, ayant conduit à l'incarcération au secret, dans des conditions probablement très pénibles, d'au moins neuf journalistes des médias publics.
"La terreur règne une nouvelle fois parmi les journalistes érythréens. Le gouvernement contrôle son propre peuple grâce au mensonge, à la peur et à la violence, et ne tolère pas que l'on cherche à fuir le pays. Cette fois, nous espérons que cette vague d'arrestations ne sera pas protégée par l'indifférence de la communauté internationale, qui doit intervenir d'urgence. Après les informations que nous avons obtenues sur le bagne d'Eiraeiro, nous avons toutes les raisons de craindre pour l'intégrité physique et même pour la vie des personnes arrêtées", a déclaré Reporters sans frontières.
Depuis le 12 novembre, le gouvernement érythréen procède à des rafles au sein du personnel des médias publics, conduisant à l'arrestation d'au moins neuf journalistes, a appris Reporters sans frontières. Selon des témoignages recueillis à Asmara, des agents des forces de sécurité se présentent chaque jour dans les locaux du ministère de l'Information, qui abritent les rédactions des médias publics, et interpellent des employés, sans explication.
Même si cette liste n'est pas exhaustive, les journalistes arrêtés à ce jour sont : Ahmed Baja, de la chaîne publique Eri-TV, Senait Tesfay, du service en tigrinya de Eri-TV, Paulos Kidane, du service en amharique de Eri-TV et de la station publique Radio Dimtsi Hafash (Voice of the Broad Masses), Daniel Mussie, du service en oromo de Radio Dimtsi Hafash, Temesghen Abay, du service en tigrinya de Radio Dimtsi Hafash, Yemane Haile, de l'agence gouvernementale Eritrean News Agency (ENA), Fethia (nom de famille inconnu), du service en arabe de Eri-TV, Simon (nom de famille inconnu), de Eri-TV, et un journaliste dont l'identité est inconnue, travaillant pour le service en arabe de Eri-TV.
Selon une source locale, les prisonniers auraient été transférés vers un centre de détention appelé "Agip". Un journaliste érythréen en exil a affirmé à Reporters sans frontières que cette rafle aurait été ordonnée dans le but de "terroriser les journalistes qui n'ont pas encore fui le pays. Le gouvernement est en état d'alerte maximale, après qu'un certain nombre de journalistes expérimentés, qui occupaient des fonctions importantes au sein du ministère de l'Information, ont fait défection récemment". Les journalistes arrêtés seraient accusés d'avoir "de bons contacts ou de l'amitié" pour leurs collègues qui se trouvent à l'étranger. Reporters sans frontières a recensé en effet, depuis le 1er octobre 2006, au moins six défections de journalistes érythréens, qui ont fui le pays ou demandé l'asile politique à l'étranger.
L'annonce de cette rafle survient à la veille de la "17e Journée de soutien aux journalistes emprisonnés", organisée par Reporters sans frontières le 23 novembre. 139 professionnels des médias sont à ce jour emprisonnés dans le monde. L'Erythrée, avec 22 prisonniers recensés, redevient la plus grande prison d'Afrique pour les journalistes, et la troisième dans le monde après la Chine (32 journalistes incarcérés) et Cuba (23).