Attaques de journalistes lors de manifestations : c'est la démocratie qu'on agresse
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Reporters sans frontières condamne fermement les exactions commises contre des journalistes lors de récentes manifestations de masse, et exprime son inquiétude devant le danger d’une dérive violente hostile aux médias. Ces agressions ne sont pas le fait des forces de l’ordre, mais des manifestants eux-mêmes, comme en témoigne l’attaque contre un journaliste de l’AFP, hier, en marge des manifestations contre le mariage pour tous. Le journaliste, qui prenait des photos de la manifestation, a été sauvagement mis à terre et roué de coups.
« Si la critique du traitement journalistique peut être légitime, les agressions contre des journalistes qui couvrent des manifestations sont absolument intolérables. Ces attaques témoignent d’un mépris du débat public et constituent une dérive grave dans une démocratie, et doivent à ce titre être dénoncées par toutes les parties prenantes », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Plusieurs épisodes violents ont ponctué les manifestations anti comme pro-mariage pour tous. En avril, alors que le projet de loi sur le mariage est en cours d’examen dans l’hémicycle, des opposants qui manifestent devant le Palais Bourbon agressent deux journalistes de LCP - Assemblée nationale et déteriorent leur matériel. Quelques jours plus tard, à Rennes, des manifestants anti-mariage attaquent deux journalistes de Rennes TV. L’un d’eux est mis à terre et essuie des coups ; leur caméra est détruite.
Reporters sans frontières s’inquiète également de la violence verbale croissante de certains manifestants envers les journalistes. Une violence qui est malheureusement nourrie par la rhétorique agressive tenue par certains organisateurs. Peu après la promulgation de la loi sur le mariage pour tous, le collectif Printemps français a publié un « ordre du jour (…) immédiatement exécutoire » dans lequel il annonce « tenir pour cible » les « organes » qui « diffusent l’idéologie (du genre) », avec en ligne de mire les médias.
Les manifestations autour du mariage pour tous ne sont pas les seuls rassemblements où des violences ont été commises contre les journalistes. Le 1er mai, en marge des manifestations du Front national, deux journalistes sont les cibles d’actes d’intimidation particulièrement inquiétants. Des autocollants où figurent les adresses personnelles de Caroline Fourest et Abel Mestre, qui tient un blog sur l’extrême-droite, sont collées dans les rues adjacentes au meeting de Marine Le Pen. Le 5 mai, dans une manifestation organisée par le Front de gauche, un journaliste du service politique de RTL a été attrapé à la gorge par un membre du service d’ordre.
(Photo: Kenzo Tribouillard / AFP)
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Updated on
20.01.2016