Assassinat d'Anna Politkovskaïa : un mois déjà ! Reporters sans frontières appelle tous les présentateurs télévisés à porter le badge “Justice pour Anna!”

Face au climat de violence dont les journalistes sont victimes en Russie, comme en témoigne l'assassinat d'Anna Politkovskaïa, Reporters sans frontières multiplie les actions et appelle les présentateurs télévisés à soutenir la création d'une commission d'enquête indépendante, en portant le badge “Justice pour Anna!”.

“Demain, cela fera un mois depuis la mort d'Anna Politkovskaïa, tuée par balles à son domicile de Moscou le 7 octobre 2006. Nous n'avons pour l'heure aucune garantie que l'enquête permettra d'identifier les commanditaires et les exécutants de ce crime. C'est pourquoi nous appelons tous les présentateurs télévisés à porter demain, 7 novembre 2006, le badge “Justice pour Anna!”, exigeant la création d'une commission d‘enquête internationale, seule à même d'assurer que la vérité sera faite sur cet assassinat odieux”, a déclaré Reporters sans frontières. “La pétition «Justice pour Anna !», disponible sur le site www.rsf.org, a permis de réunir plus de six mille signatures, dont deux cents de personnalités européennes et russes, mais aussi américaines et canadiennes. Porter ce badge permet à tous ceux qui le souhaitent de manifester leur indignation face à la situation des journalistes indépendants ou d'opposition en Russie. C'est aussi l'occasion de manifester notre soutien. Il faut rappeler qu'Anna Politkovskaïa a été le vingt et unième journaliste tué du fait de son activité professionnelle en Russie, depuis la première élection de Vladimir Poutine à la présidence de la Fédération russe en mars 2000. Le moins que l'on puisse dire est que les autorités russes ne font pas de la résolution de ces affaires une priorité, puisque la plupart d‘entre elles sont non élucidées à ce jour”, a ajouté l'organisation de défense de la liberté de la presse. Le 20 octobre 2006, Reporters sans frontières a saisi le Conseil d'Etat et le président de la République, en sa qualité de Grand Maître de l'ordre de la Légion d'honneur, pour que Vladimir Poutine soit démis de son titre de Grand-Croix de la Légion d'honneur. Interpellé sur cette question lors du sommet de Lahti (Finlande) le chef de l'Etat français, qui a décoré lui-même Vladimir Poutine le 22 septembre, a persisté dans sa postion et déclaré : “C'est une tradition républicaine de donner (la Légion d'honneur) aux chefs d'Etat étrangers. (...) Cela n'a pas de valeur morale.” “Cette réponse ne nous satisfait pas. On ne peut vider la Légion d‘honneur de toute signification morale et honorifique au prétexte qu'elle serait attribuée à un chef d'Etat. L'argument protocolaire ne tient pas. Il demeure impensable que le plus grand des honneurs que la France puisse décerner soit attribué à Vladimir Poutine qui, dans sa politique comme dans ses déclarations répétées, démontre son mépris des principes même de la démocratie, à commencer par la liberté d'expression”, a ajouté l'organisation de défense de la liberté de la presse. Anna Politkovskaïa travaillait depuis 1999 pour le bihebdomadaire Novaïa Gazeta. Dans son dernier livre, "La Russie selon Poutine", paru cette année en France, elle dénonçait non seulement les exactions en Tchétchénie mais aussi la corruption et les attaques contre les droits de l'homme en Russie. Saluée internationalement pour son courage et son professionnalisme, Anna Politkovskaïa, 48 ans, a été retrouvée morte, assassinée de plusieurs coups de feu dans son immeuble du centre de Moscou, samedi 7 octobre en milieu d'après-midi. Lire le communiqué “Justice pour Anna Politkovskaïa !” : Une pétition pour une commission d'enquête internationale Signez la pétition
Publié le
Updated on 20.01.2016