Arrestations arbitraires sur fond de regain de violence
Organisation :
Le journaliste Abdul Ilah Haydar Shae et le caricaturiste et militant des droits de l’homme Kamal Sharaf sont détenus illégalement depuis près d’une semaine.
Ces arrestations interviennent alors que l’armée intensifie les combats dans le sud du pays, imposant un ultimatum aux membres du réseau terroriste Al-Qaida. La lutte contre le terrorisme ne peut justifier la disparition forcée de journalistes.
Dans le contexte actuel de regain de violence dans le pays, le caractère arbitraire et la brutalité avec laquelle les journalistes Abdul Ilah Haydar Shae et Kamal Sharaf ont été arrêtés, font craindre le pire.
Abdul Ilah Haydar Shae a été arrêté par les forces de sécurité yéménites à son domicile le soir du 16 août 2010, au moment de la rupture du jeûne. Après avoir encerclé sa maison, les policiers lourdement armés et vêtus de gilets pare-balles, ont tiré des coups de sommation, avant de perquisitionner son domicile. Le journaliste a été battu, insulté et emmené menotté devant les membres de sa famille. Tous ses documents personnels ont été confisqués. Nul ne sait où il est détenu aujourd’hui.
Employé au sein de l’agence de dépêches Saba, le journaliste spécialiste du réseau terroriste Al-Qaida, Abdul Ilah Haydar Shae avait été enlevé par les forces de sécurité, menotté et les yeux bandés, le 11 juillet dernier dans une rue du centre ville de la capitale Sanaa. Il n’avait été libéré que plusieurs heures plus tard, après six heures d’interrogatoire dans l’enceinte du centre de sécurité, assorties de coups et de mauvais traitements (http://fr.rsf.org/yemen-peril-sur-les-libertes-de-la-02-08-2010,38080.html).
Ami proche d’ Abdul Ilah Haydar Shae, Kamal Sharaf est journaliste pour le média yéménite en ligne Al-Joumhouriya et caricaturiste pour le site Al-Barakish. Il fut l’unique témoin direct de sa première arrestation le 11 juillet dernier. Arrêté le 17 août 2010, il fut aussi le seul à en avoir parlé ouvertement.
Militant des droits de l’homme, Kamal Sharaf avait lancé une campagne de lutte contre la corruption dans le pays par le biais de publications de caricatures sur le site Facebook. Il a reçu le premier prix du concours de caricatures en faveur de la promotion des droits de la femme active, le 11 juillet dernier, dans le cadre du concours organisé par le centre des études et des médias économiques, en coopération avec le Fonds canadien pour le développement des initiatives locales.
Les arrestations et détentions des journalistes Abdul Ilah Haydar Shae et Kamal Sharaf sont illégales au regard du droit constitutionnel. Lors de leur intervention, les forces de police n’ont ni présenté de procès verbal ni accordé aux journalistes le droit de consulter leur avocat. A ce jour, aucun motif légal n’a été invoqué par les autorités publiques. En vertu du respect de la Constitution et des droits découlant des traités auxquels le pays est parti, Abdul Ilah Haydar Shae et Kamal Sharaf doivent être libérés immédiatement.
Publié le
Updated on
20.01.2016