Arrestation du rédacteur en chef d’Al-Ayyam

Hisham Bashraheel, directeur du quotidien Al-Ayyam, 66 ans, a été arrêté le 6 janvier 2010, au lendemain d’un siège de vingt-quatre heures de son journal par les forces de l’ordre à Aden. Un de ses fils, Hani Bashraheel, rédacteur en chef, a également été arrêté en même temps. Un autre fils de Hisham Bashraheel, Mohammed Hisham Bashraheel, avait été arrêté le 5 janvier. Leur lieu de détention est inconnu, ainsi que les charges qui pèsent à leur encontre. -------- 5 janvier 2010 - Levée du siège d’Al-Ayyam Le 5 janvier en début d’après-midi, la police a levé le siège du journal Al-Ayyam, après vingt-quatre heures d’affrontements entre les forces de l’ordre et les gardes armés du journal.

D’après les informations recueillies sur place par Reporters sans frontières, les affrontements pendant le siège auraient fait deux morts, un garde du journal et un membre des forces de l’ordre, ainsi que sept blessés.

Des témoins affirment en effet que, le 4 janvier, un garde aurait mortellement touché un policier et blessé un autre. Cette version des faits est réfutée par le directeur du journal, M.Bashraheel, qui affirme que des policiers ont délibérément tiré sur des collègues pour faire croire que les manifestant - massés devant les locaux du journal pour un sit-in de solidarité - étaient armés.

Le 5 janvier au matin, les tirs ont repris. Un garde aurait alors été tué. Six personnes auraient été blessées parmi les forces de l’ordre et les gardes du journal.

En début d’après-midi, après des négociations entre les forces de l’ordre et les responsables du quotidien, une trentaine de personnes se seraient rendues dont Mohammed Hisham Bashraheel, le fils du directeur d’Al-Ayyam.

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4 janvier 2010 - Un journal mitraillé par l’armée, dans un climat de répression accru

“Le gouvernement d’Ali Abdallah Saleh profite du soutien apporté par les puissances étrangères dans sa lutte antiterroriste sur son sol pour violer délibérément les droits la personne“, estime Reporters sans frontières. "Il est nécessaire que la communauté internationale rappelle au gouvernement de Sanaa que la lutte légitime contre le terrorisme ne peut en aucun cas justifier la répression envers les médias", rappelle l’organisation.

Plus de deux cents manifestants, répondant à l’appel de plusieurs organisations yéménites de défense des droits de l’homme, se sont rassemblés, le 4 janvier 2010, aux alentours de 15h (heure locale) pour un sit-in devant le siège du journal Al-Ayyam à Aden, afin de protester contre la fermeture forcée de ce quotidien depuis mai dernier, et réclamer sa réouverture.

« A 16h07, les forces de l’ordre ont commencé à tirer sur la foule. Les policiers ont même visé l’un des leurs pour faire croire que les manifestants étaient armés, alors que tout le monde était venu protester pacifiquement », a déclaré Hisham Bashraheel, directeur de publication d’Al-Ayyam à Reporters sans frontières. « On est encerclés. Il y a des militaires et des policiers partout. On les a entendus appeler des renforts. Les manifestants sont toujours massés autour de l’entrée. La nuit va bientôt tomber sur Aden, et on redoute le pire », a-t-il ajouté, très inquiet.

Reporters sans frontières rappelle que les forces de l’ordre avaient déjà bombardé les locaux du journal le 13 mai dernier (http://www.rsf.org/Le-siege-du-journal-Al-Ayyam.html), après que le ministre de l’Information en avait interdit l’impression le 4 mai, au nom du principe d’“unité nationale du pays” (http://www.rsf.org/Large-campagne-des-autorites.html). Le 15 juillet, un nouveau cap avait été franchi avec la condamnation d’un correspondant du journal, Anis Ahmed Mansour Hamida, à quatorze mois de prison ferme pour “atteinte à l’unité nationale“ et “séparatisme“, à l’issue d’un procès purement politique (http://www.rsf.org/Un-journaliste-d-Al-Ayyam-condamne.html). Il est toujours incarcéré.

La situation de la liberté de la presse s’est considérablement détériorée dans le pays depuis mai 2009, notamment dans le sud du pays. On est toujours sans nouvelles du journaliste du site d’informations de l’opposition Alsahwa.net, Khalid Jahafi, arrêté le 27 décembre 2009 par les forces de sécurité, alors qu’il photographiait des affrontements entre des policiers et des partisans des indépendantistes du Sud (http://www.rsf.org/La-repression-s-est-accentuee-sous.html). Le 28 décembre, Shafi’ Al-Abd, journaliste pour le journal Al-Nada, ainsi que quatre membres de la direction de la Fédération des Jeunes du Sud, ont été arrêtés par la Sûreté nationale d’Aden, avant d’être transférés à la prison de Khor Maksar dans la province d’Aden. Le journaliste est accusé d’avoir formé un parti politique hostile à la "sécurité et à l’unité nationale". En outre, le tribunal de la province de Lahij a, de nouveau, reporté à une date indéterminée et sans explication le procès du journaliste Iyyad Ghanem, dont l’état de santé s’est détérioré en raison de la grève de la faim qu’il mène depuis deux semaines. Il est emprisonné depuis six mois pour avoir filmé un rassemblement de partisans des groupes rebelles sudistes, dans la ville de Korsh.

Par ailleurs, on est sans nouvelles, depuis le 18 septembre dernier, du journaliste Muhammad Al-Maqalih, disparu dans des circonstances non élucidées. De nombreux professionnels des médias yéménites considèrent que les services de sécurité sont responsables de cet enlèvement, malgré leurs dénégations. Fouad Rachid, directeur du site Al-Mukalla Press, et Salah Al-Saqladi, directeur du site Adengulf-website, sont également toujours détenus.
Publié le
Updated on 20.01.2016