Arménie: des journalistes victimes de violences policières ciblées lors d’une manifestation

Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement les violences policières dont ont été victimes de nombreux journalistes en marge de la dispersion d’une grande manifestation à Erevan, le 23 juin 2015.

Les journalistes ont été délibérément pris pour cibles par les forces de l’ordre lors de la violente dispersion d’un sit-in contre l’augmentation des prix de l’électricité, à l’aube du 23 juin. RSF recense au moins dix agressions et une dizaine d’interpellations dans les rangs des professionnels des médias, dont le matériel a quasi-systématiquement été confisqué ou détruit.


Nous sommes choqués par un usage aussi disproportionné de la force contre des journalistes qui faisaient simplement leur travail, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Cette violence ciblée avait clairement pour objectif d’éliminer tout témoignage de la dispersion violente du sit-in. Nous appelons les autorités à sanctionner ces agissements attentatoires à la liberté de l’information, afin qu’ils ne se reproduisent pas”.


RSF a reçu confirmation que Garik Azibekian et Sisak Gabrielian (Radio Azatoutioun, le service arménien de RFE/RL) avaient été attaqués, de même que Davit Davtian et Khatchatur Esaïan (Armenia TV).


PanArmenian.Net rapporte que son correspondant Nicolas Torosian a lui aussi été frappé par des policiers, ainsi que les photographes Gevork Gazarian et Karo Sahakian. Les cameramen du site d’information 1in.am Karen Chilingaryan, Hovsep Hovsepyan et Gor Hovhannisyan ont subi le même sort. Le journaliste de Gala TV Paylak Farhadian raconte avoir été violemment passé à tabac durant son interpellation, “en présence du chef de la police d’Erevan”.


Au total, pas moins de onze journalistes ont été interpellés, dont Garik Haroutiounian (Radio Azatoutioun), Arsen Sargsian (Armenian News), Ani Hovhannisian et Hrant Galtsian (HETQ).


Depuis le 19 juin, plusieurs milliers de personnes occupaient la Place de la Liberté, dans le centre d’Erevan, pour protester contre la hausse des prix de l’électricité. N’obtenant pas satisfaction, les manifestants se sont dirigés vers le palais présidentiel dans la soirée du 22 juin, avant d’être bloqués par les forces de l’ordre sur l’avenue Baghramian, où ils ont passé la nuit. Arguant que le sit-in n’était pas autorisé, la police a adressé un ultimatum aux manifestants, puis les a chargé le 23 juin à l’aube. Au moins 237 d’entre eux auraient été arrêtés.


L’Arménie occupe la 78e place sur 180 pays dans le Classement mondial 2015 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.

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Updated on 20.01.2016