Reporters sans frontières se réjouit de la libération de Jawed Ahmad, collaborateur de la chaîne canadienne CTV, le 22 septembre 2008, suite au dépôt d'une plainte aux Etats-Unis par des organisations américaines et afghanes de défense des droits de l'homme.
Reporters sans frontières se réjouit de la libération de Jawed Ahmad, collaborateur de la chaîne canadienne CTV, le 22 septembre 2008, suite au dépôt d'une plainte aux Etats-Unis par des organisations américaines et afghanes de défense des droits de l'homme.
"Encore une fois, l'armée américaine est forcée de reconnaître qu'elle a abusé de son autorité en détenant un journaliste innocent. En Afghanistan, comme en Irak, les militaires américains emprisonnent sans preuves et maltraitent des collaborateurs de médias internationaux dont le seul crime est de travailler dans des zones de conflit. L'administration américaine devrait enquêter sur cette affaire et au minimum dédommager Jawed Ahmad pour le préjudice subi. Nous saluons enfin l'action déterminante des organisations américaines qui ont déposé la plainte devant la justice américaine", a affirmé Reporters sans frontières.
Agé de 22 ans, Jawed Ahmad, surnommé Jojo Yazemi par ses collègues, a regagné Kandahar (Sud) où réside sa famille. Il a déclaré à Reporters sans frontières : "Bien entendu qu'ils m'accusaient d'être un journaliste. Mais comment peut-on travailler comme reporter dans le sud de l'Afghanistan sans contacter les taliban ? C'est normal et c'est mon droit. (...) Après les tortures du début, ils ont essayé de me déstabiliser en m'expliquant par exemple que c'était ma chaîne CTV qui m'avait dénoncé. (...) Ceux qui m'ont interrogé étaient des officiers américains, je suis sûr, et peut-être des Canadiens. En tout cas, l'armée canadienne a 50 % de responsabilité dans mon arrestation. (...) Après cette détention, je me sens encore plus journaliste qu'avant. Je suis enthousiaste à l'idée de reprendre mon travail. Mais avant tout, je veux obtenir justice. Je vais frapper à toutes les portes, avec mes avocats, pour que ceux qui m'ont détenu et torturé soient sanctionnés."
En juin 2008, plusieurs organisations ont déposé une plainte aux Etats-Unis contre le président américain George Bush et le secrétaire à la Défense Robert Gates les sommant d'inculper Jawed Ahmad ou de le libérer. Celui-ci a été remis aux autorités afghanes le 22 septembre dans le "cadre d'un programme de réconciliation", a affirmé un officier américain à l'Agence France-Presse.
L'armée américaine accusait Jawed Ahmad d'être un "combattant ennemi illégal". En février, un porte-parole américain avait déclaré que le cas de Jawed Ahmad avait été étudié par un "comité de vérification sur les combattants ennemis".
Mais, au moment de sa libération, les forces de la Coalition ont remis au journaliste des documents attestant qu'il ne représentait pas un "risque pour l'armée américaine en Afghanistan".
Interrogé à plusieurs reprises par Reporters sans frontières, le Pentagone avait refusé de communiquer des informations sur les motifs de la détention prolongée du journaliste.
Jawed Ahmad, fixeur et interprète pour la chaîne CTV, avait été arrêté par des soldats américains, le 26 octobre 2007, sur la base aérienne de Kandahar (Sud), où se trouvaient des reporters canadiens. Début novembre, il avait été transféré sur la base de Bagram, au nord de Kaboul. Il lui était reproché d'avoir dans son téléphone portable les numéros de responsables taliban et de les avoir interviewés.