Appel au président Mahinda Rajapaksa pour faire cesser la répression post électorale

Le 30 janvier, les autorités srilankaises ont fermé les bureaux à Colombo de l’hebdomadaire cingalais Lanka, proche du parti d’opposition JVP. Le directeur de publication du journal, Chandana Sirimalwatte, avait été arrêté la veille et placé en garde à vue au Département des investigations criminelles. Par ailleurs, les bureaux du site d’informations Lanka e news ont été encerclés par la police. Le 31 janvier, les autorités ont révoqué l’ordre d’expulsion de la journaliste suisse Karin Wenger, ayant couvert l’élection présidentielle pour la radio publique suisse DRS. D’après l’AFP, un porte-parole du gouvernement a expliqué que de "fausses informations" avaient conduit les autorités à l'expulser. La journaliste avait reçu un courrier du service de l'immigration indiquant qu’elle devait quitter le Sri Lanka au plus tard le 1er février. ----------------- Le 29 janvier 2010 - Appel au président Mahinda Rajapaksa "Nous lançons un appel solennel au président réélu Mahina Rajapaksa pour qu'il fasse cesser les arrestations et les intimidations à l'encontre de la presse privée et étrangère. Cette vague de violences post électorales risque d'entacher durablement le début de son second mandat. Et tout cela augure mal du climat politique des prochaines années", a affirmé Reporters sans frontières. Dans son dernier bilan de la liberté de la presse, l'organisation avait alerté sur l'augmentation des violences et de la censure en période électorale, citant notamment l'Iran ou la Tunisie. L'organisation rappelle le chef de l'Etat à ses engagements en faveur de la liberté de la presse, tenus à maintes reprises, notamment devant l'un de nos représentants en octobre 2008. "Avant et pendant des élections démocratiques, il est tout à fait normal que des médias et des journalistes prennent parti en faveur d'un candidat. En revanche, il n'est pas acceptable qu'ils soient victimes de représailles une fois les élections passées", a précisé Reporters sans frontières. Depuis l'annonce des résultats, contestés par une partie de l'opposition, la police et des groupes non identifiés s'en prennent à la presse, surtout celle qui a soutenu le candidat de l'opposition, le général Fonseka. Ces nouvelles menaces ont été dénoncées par les cinq principales organisations de journalistes du Sri Lanka dans un communiqué commun qui évoque une "suppression post électorale des médias". 1. Le 29 janvier, des policiers ont arrêté Chandana Sirimalwatta, directeur de publication du journal Lanka, proche du parti d'opposition JVP. Il avait été convoqué pour un article publié le 26 janvier. Le frère du président, Gotabhaya Rajapaksa, avait menacé quelques jours plus tôt, de faire brûler le journal.

2. Le 28 janvier au soir, des hommes en civil circulant dans un véhicule immatriculé 32/ 84 32, ont posé des scellés sur la porte d'entrée des locaux du site d'informations Lankaenews. Plus tôt dans la journée, des hommes avaient perquisitionné les bureaux. Le site a été rendu inaccessible par la compagnie publique Sri Lanka Telecom.

3. Dans une interview au journal Daily Mirror, le ministre tamoul Douglas Devananda a menacé, le 28 janvier, de représailles le journal Uthayan, basé à Jaffna, sans le nommer.

4. La journaliste Karin Wenger de la radio suisse publique DRS risque d'être expulsée le 1e février de l'île, après l'annulation de son accréditation. "Je disposais d'un visa et d'une accréditation valides pour couvrir l'élection. Je pense que cette décision est liée aux questions que j'ai posées à un officiel lors d'une conférence de presse après l'annonce des résultats", a expliqué Karin Wenger à Reporters sans frontières. Un conseiller du chef de l'Etat a insulté la journaliste en la traitant de " sale peau blanche".

5. Le 28 janvier, Ravi Abewikrama, reporter de la radio d'Etat SLBC, a été agressé par l'un de ses responsables qui lui reprochait d'avoir critiqué la couverture biaisée des élections imposée par la direction de la station.

6. Le 26 janvier, des soldats se sont déployés autour et dans les bâtiments des chaînes de télévision privées Sirasa et Swarnavahini, à Colombo.

7. Le 28 janvier, des soldats ont malmené des photographes d'agences de presse étrangères qui tentaient de se rendre à une conférence du général Sarath Fonseka. Un reporter a été contraint d'effacer certains clichés de son appareil. Déjà, la veille, près de l'hôtel où était présent Sarath Fonseka, des soldats avaient empêché certains journalistes de travailler librement. Enfin, Reporters sans frontières appelle le chef de l'Etat à renforcer l'équipe de police en charge de retrouver le journaliste politique et caricaturiste Prageeth Eknaligoda, disparu depuis le 24 janvier 2010. Sa famille n'a aucune nouvelle de lui depuis cette date.
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Updated on 20.01.2016