Appel à la libération de Yang Jianli

Le cyberdissident Yang Jianli, résident américain, est détenu sans jugement depuis deux ans. Trente-cinq membres du Congrès américain ont déjà signé une pétition en faveur de sa libération. Reporters sans frontières demande par ailleurs au président du Parlement européen, Pat Cox, d'appeler à sa libération.

Le 26 avril 2004, cela fera deux ans jour pour jour que le cyberdissident Yang Jianli a été arrêté en Chine populaire. A cette occasion, sa femme Christina Fu et leurs deux enfants, soutenus par les parlementaires américains Chris Cox (républicain) et Barney Frank (démocrate) du Massachusetts, tiendront une conférence de presse à Washington pour exiger sa libération. Reporters sans frontières se joint à cette initiative et a demandé à Pat Cox, président du Parlement européen, d'appeler également à la libération de Yang Jianli. "La Chine s'offense d'une résolution déposée par les Etats-Unis à la Commission des droits de l'homme à Genève, mais se discrédite totalement par la suite, avec des cas comme celui de Yang Jianli. L'amélioration des droits de l'homme en Chine ne se mesure pas en discours, mais en libération de prisonniers politiques", a déclaré l'organisation. Reporters sans frontières estime, comme l'organisation l'a souligné dans sa lettre à Pat Cox, que l'Union européenne se doit, dans le cadre du dialogue constructif avec les autorités chinoises, de porter l'accent sur la libération des prisonniers d'opinion. Une pétition en faveur de la libération de Yang Jianli a déjà été signée par 35 membres du Congrès américain. Par ailleurs, une lettre a été envoyée à John Kerry, candidat démocrate à la présidence et sénateur du Massachusetts, l'Etat où résidait Yang Jianli. La conférence de presse à Washington du 26 avril sera également l'occasion de dénoncer les conditions de détention déplorables imposées à Yang Jianli. Le 15 mars 2004, il a été placé en cellule d'isolement où il est resté menotté pendant une semaine. Il n'avait plus accès aux journaux, à la télévision ni aux exercices physiques. Ses requêtes demandant à voir son avocat étaient toutes rejetées. Ces sanctions ont fait suite à son refus, trois jours plus tôt, de porter son uniforme de prisonnier, de faire son lit et de répondre à l'appel de son numéro de dossier. Le cyberdissident demandait à se faire appeler par son nom. Le 21 mars, Yang Jianli a accepté de se plier aux règles de la prison, mais les gardiens lui ont laissé ses menottes jusqu'à ce que ses poignets saignent. Quand Yang Jianli a annoncé début mars qu'il voulait entamer une grève de la faim pour protester contre sa détention illégale, les autorités lui ont signifié qu'il serait nourri de force. Il a renoncé. Lors de sa mise en isolement, un des procureurs en charge de son dossier lui a rendu visite. Yang Jianli a souhaité porter plainte pour "mauvais traitements". "Vous ne pouvez pas. Ce traitement a été approuvé par le bureau du procureur", a répondu le procureur. Lorsque Mo Shaoping, l'avocat chinois du cyberdissident, a demandé à voir son client, les autorités de la prison lui ont répondu que tout allait bien et que Yang Jianli ne désirait pas le voir. Le 14 avril, après presque un mois, ils ont pu se rencontrer. Rappel des faits : Yang Jianli était le rédacteur en chef de la revue électronique dissidente Yibao (www.chinaeweekly.com). Il a été arrêté le 26 avril 2002 alors qu'il enquêtait clandestinement sur des grèves ouvrières dans le nord-est de la Chine. Il revenait dans le pays pour la première fois depuis son expulsion pour avoir participé aux manifestations de la place Tiananmen, en 1989. Officiellement arrêté pour "absence de passeport valide", Yang Jianli a été inculpé "d'entrée illégale sur le territoire chinois" et "d'espionnage en faveur de Taïwan", le 17 juillet 2003. Après avoir été détenu au secret pendant un an, il a été jugé en août 2003 et le verdict a été mis en délibéré. Les autorités avaient alors quatre mois pour se prononcer, en vertu du code pénal chinois. Passé ce délai, son maintien en détention est devenu illégal.
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Updated on 20.01.2016