Anas Tadili condamné à 6 mois de prison ferme

Reporters sans frontières demande aux autorités marocaines de ne plus prononcer de peines de prison à l'encontre des journalistes accusés de diffamation, comme ce fut le cas, le 1er juin 2004, pour Anas Tadili, directeur de l'hebdomadaire Akhbar al-Ousbouaâ, condamné à six mois de prison ferme. Anas Tadili, sous les verrous à la prison de Salé depuis le 15 avril dernier, a par ailleurs été condamné à 10 mois de prison ferme et sera jugé pour une autre affaire de diffamation le 15 juin. " Nous dénonçons fermement le recours à l'emprisonnement dans les cas de diffamation. Il existe d'autres mesures susceptibles de sanctionner un article, comme le paiement d'une amende raisonnable. Ainsi, nous protestons contre le verdict prononcé le 1er juin à l'encontre d'Anas Tadili et le harcèlement judiciaire dont il est victime", a déclaré l'organisation. Anas Tadili, poursuivi pour " diffamation, dénigrement d'une personnalité gouvernementale et diffusion d'une fausse nouvelle ", a été condamné par le tribunal de première instance de Rabat à six mois de prion ferme, le 1er juin. L'article incriminé, paru le 9 avril dernier dans les colonnes d'Akhbar al-Ousbouaâ portait sur l'homosexualité présumée d'un membre du gouvernement. Visé à mots couverts, le ministre des Finances aurait fait pression sur le ministre de la Justice pour faire incarcérer immédiatement le journaliste. Une autre affaire, remontant à 1994, avait alors été invoquée et, le 15 avril, à 22 heures, Anas Tadili avait été convoqué par la police judiciaire de Rabat. Le journaliste avait été sommé de s'acquitter d'une amende de 3 millions de dirhams, pour infraction au contrôle des changes. En 1994, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis et à 3 millions de dirhams d'amende et s'était pourvu en appel et en cassation. Le verdict, rendu en 2001, confirmait le jugement de première instance. N'ayant jamais réglé cette somme, la contrainte par corps avait été subitement décidée, le 15 avril, sans possibilité de recours et le journaliste condamné à 10 mois de prison ferme. C'est seulement après cette incarcération qu'une plainte pour diffamation avait été déposée à l'encontre d'Anas Tadili pour son article du 9 avril.
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Updated on 20.01.2016