Paysage médiatique
Après l’arrivée au pouvoir de Nicolas Maduro, les mesures gouvernementales contre le pluralisme des médias se sont accrues. En raison du monopole officiel sur les importations de papier et les fournitures d’impression, les éditions papier d’une centaine de journaux ont disparu. Une politique opaque d’attribution et de révocation des concessions de fréquence a amené 200 stations de radio à mettre la clé sous la porte. Enfin, le gouvernement vénézuélien s’attache à bloquer des contenus d’information sur Internet, impactant ainsi des sites de médias indépendants. Radio Fe y Alegría, Efecto Cocuyo, Runrunes, Unión Radio, El Estímulo, El Pitazo et El Diario sont les principaux médias indépendants du pays.
Contexte politique
Au Venezuela, l’exécutif exerce un contrôle strict sur les pouvoirs judiciaires et législatifs, ce qui a engendré un système institutionnel bancal. Dans ce contexte, malgré l'épuisement de l'opposition et des forces pro-démocratiques, un nouveau leadership s'est consolidé autour de Maria Corina Machado à la fin de l'année 2023, après qu'elle ait triomphé lors d'une élection primaire de l'opposition. Mais elle a été disqualifiée par une peine d'inéligibilité de 15 ans émise en janvier 2024 par la Cour suprême, tandis que Nicolas Maduro est candidat pour un troisième mandat. Les médias d’État et les porte-paroles officiels n’hésitent pas à discréditer, poursuivre, et même menacer publiquement les journalistes indépendants.
Cadre légal
Bien que la liberté d’expression soit inscrite dans l’article 58 de la Constitution, aucune politique n’est menée pour la protéger. Des mesures extravagantes, comme la loi “contre la haine”, ont récemment été approuvées par une Assemblée constituante nationale contrôlée par le gouvernement Maduro, qui s’est emparé illégalement des pouvoirs législatifs. Avec l'application de cet instrument, quelque 80 Vénézuéliens ont été sanctionnés, dont dix-sept journalistes et organes de presse, principalement pour avoir critiqué des personnalités influentes du pays, notamment sur les réseaux sociaux.
Contexte économique
Entre 2015 et 2020, l’économie du pays s’est effondrée sous l’effet combiné des plus hauts taux d’inflation et de la pire chute du PIB au monde. Depuis 2021, les indicateurs macroéconomiques montrent quelques signes d’amélioration, mais sont variables selon les régions et les secteurs d’activité. En 2023, les sanctions sur l'industrie pétrolière ont été allégées, ce qui a contribué à relancer l'économie. La crise économique a provoqué une réduction drastique de la distribution de la publicité d’État, dont les critères d’attribution sont opaques et arbitraires, ce qui favorise les médias proches du gouvernement. Pour recevoir cette manne financière, les médias doivent accepter de diffuser gratuitement des messages du gouvernement.
Contexte socioculturel
La société vénézuélienne traverse une crise généralisée qui a dégradé les conditions de vie. En réaction à la crise économique qui sévit depuis cinq ans, des millions de citoyens ont émigré dans les pays voisins : on estime qu’un quart de la population totale, principalement des jeunes en âge de travailler, a quitté le Venezuela ces dernières années.
Sécurité
Au Venezuela, le journalisme évolue dans un climat restrictif. Il est courant pour les reporters d’être battus ou menacés lors de l’exercice de leur métier en période pré-électorale ou de conflit politique. Le ministère public et l’ombudsman – le défenseur du peuple – étant sous le contrôle de Maduro, aucun d’eux ne contribue à garantir la sécurité des journalistes, et les actes de violence physique ou verbale dont ils sont victimes font rarement l'objet d'une enquête.