Amende excessive contre le quotidien d'opposition Tal Cual : Reporters sans frontières craint une "sanction politique"

Reporters sans frontières regrette la mise à l'amende, le 13 février 2007, du quotidien d'opposition Tal Cual, pour une lettre humoristique adressée à la fille du président Hugo Chávez. Malgré la procédure d'appel, le quotidien doit s'acquitter de 14 000 euros.

Reporters sans frontières condamne la sanction financière infligée par un tribunal pour mineurs au quotidien d'opposition Tal Cual, le 13 février 2007. L'organisation craint une sanction politique. “La lettre ouverte qu'avait publiée Laureano Márquez dans Tal Cual ne comportait aucun propos insultant ou outrageant envers la fille du président Hugo Chávez. A la lecture de l'article, rien ne justifie la condamnation, d'ailleurs bien tardive, prononcée contre Tal Cual. Aucun délit n'est constitué. Par ailleurs, il est anormal que l'appel présenté par le quotidien ne permette pas de suspendre l'amende dont il doit s'acquitter. Nous avons donc tout lieu de craindre que cette sanction ne relève du règlement de comptes politique”, a déclaré Reporters sans frontières. Tal Cual avait publié, le 25 novembre 2005, une lettre ouverte adressée à Rosinés, la dernière fille du président Hugo Chávez. Son auteur, l'humoriste Laureano Márquez, demandait à la jeune fille de faire entendre raison à son père, afin qu'il se montre plus tolérant à l'égard de l'opposition. Dans son jugement rendu le 13 février 2007, Holanda Dam, magistrate du tribunal pour mineurs de l'État de Lara (ouest de Caracas), a estimé que cet article portait atteinte à “l'honneur, à la réputation, à l'image, à la vie privée et à l'intimité de Rosinés Chávez Rodríguez”, en violation de l'article 65 de la Loi organique de protection de l'enfant et de l'adolescent (LOPNA). Le quotidien a été condamné à verser une amende de 18 600 dollars (environ 14 000 euros). Le montant d'une autre amende, infligée à l'humoriste, reste à fixer. Laureano Márquez s'est défendu en soulignant que la lettre était un exercice de style humoristique, et que le président Hugo Chávez avait lui-même déclaré publiquement - notamment lors de son émission télévisée hebdomadaire “Alo Presidente” - consulter sa fille pour prendre certaines décisions. C'est de cette façon que le chef de l'État aurait fait modifier l'écusson du drapeau national. Javier Conde, rédacteur en chef de Tal Cual, a indiqué à Reporters sans frontières que la rédaction n'était pas en mesure de s'acquitter de l'amende. Le quotidien, qui a lancé une souscription, dispose d'un délai de huit jours pour la régler, faute de quoi son montant sera majoré de 12 %. Une procédure d'appel a également été introduite par Tal Cual, mais elle n'est pas suspensive. Le quotidien est donc obligé de verser la somme et n'en sera remboursé que s'il obtient gain de cause en deuxième instance. Fondé en 2000 et dirigé par Teodoro Petkoff, Tal Cual se situe clairement dans l'opposition au gouvernement d'Hugo Chávez. Teodoro Petkoff a lui-même fait partie de l'équipe de campagne de Manuel Rosales, adversaire du président réélu lors de la présidentielle du 3 décembre 2006. Selon la rédaction, cette décision judiciaire relève de “représailles politiques”.
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Updated on 20.01.2016