Les journaux européens sont dans le collimateur après la publication des caricatures de Mahomet. Après Jyllands-Posten, c'est au tour de France-Soir d'être visé par une alerte à la bombe. Reporters sans frontières condamne fermement ces actes délictueux et rappelle qu'aucune offense ne peut justifer le recours à la violence.
Reporters sans frontières condamne fermement les tentatives d'intimidations dont sont victimes le journal France-Soir et trois autres médias européens. L'organisation rappelle que, même si la publication des caricatures de Mahomet a pu heurter la sensibilité de nombreux musulmans, rien ne saurait justifier le recours à la violence. Reporters sans frontières appelle une nouvelle fois au dialogue et à la tolérance.
La rédaction du journal France-Soir, qui avait publié à son tour les caricatures danoises le 1er février 2006, a été visée par une alerte à la bombe le 6 février vers 13 heures. Les locaux situés à Issy-les-Moulineaux ont été immédiatement évacués et un périmètre de sécurité établi autour du bâtiment. Le personnel a été autorisé à regagner les bureaux quelques heures plus tard.
La rédaction de France-Soir n'a souhaité faire aucun commentaire à Reporters sans frontières après l'incident.
Mais les menaces ne s'arrêtent pas là : les attaques visent également d'autres journaux européens ayant à leur tour reproduit les caricatures, au nom de la liberté de la presse ou tout simplement par souci de l'information.
Le quotidien danois Jyllands-Posten, à l'origine de la publication des caricatures, en septembre 2005, a été visé par deux fausses alertes à la bombe en moins de 48 heures, le 31 janvier et le 1er février. Le 5 février, des inconnus ont placé un extincteur devant le bâtiment de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Les mesures de sécurité ont été renforcées dans la rédaction, qui craint un regain de violence après la diffusion de son prochain numéro du 8 février, consacré aux caricatures danoises. Le quotidien hollandais De Volkskrant a été informé par courrier électronique, le 3 février, qu'une bombe exploserait dans ses locaux.
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France-Soir dans la tourmente des caricatures danoises
2 février 2006
Alors que France-Soir est censuré en Tunisie et au Maroc, Reporters sans frontières exprime son incompréhension après l'éviction du directeur du quotidien français. Invoquer, comme le fait le propriétaire de ce titre, M. Raymond Lakah, « le respect des croyances et des convictions de chaque individu », est particulièrement inopportun alors que des menaces visent des ressortissants français à la suite de la publication des caricatures du prophète Mahomet dans ce même journal.
Pour Reporters sans frontières, « c'est un précédent inquiétant et dangereux pour la liberté de ton d'une rédaction. Cela ne participera pas à faire baisser la tension mais, au contraire, à radicaliser encore un peu plus les positions des uns et des autres. »
Dans son numéro du mercredi 1er février 2006, le directeur de la publication du journal, Jacques Lefranc, avait décidé de publier les douze caricatures de Mahomet pour témoigner son soutien aux journalistes danois incriminés par les pays musulmans et réaffirmer le principe de la liberté d'expression.
Les autorités tunisiennes ont saisi le numéro du 2 février, jugeant que le contenu du journal était offensant pour les musulmans. Le ministère de la Communication du Maroc a également interdit le journal, dénonçant les « prétextes fallacieux de la défense de la liberté de la presse ». Le quotidien islamiste marocain Attajdid a appelé à « punir » France-Soir.
Des groupes armés palestiniens ont également menacé de « prendre pour cible » tout Français, Norvégien et Danois dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, après la publication des caricatures dans la presse.
Le 2 février, Reporters sans frontières lance un appel au calme et au dialogue dans cette affaire qui prend une tournure très inquiétante.