Al-Jazeera, victime d'une vaste campagne d'intimidations

Reporters sans frontières condamne la campagne de harcèlement et de dénigrement dont la chaîne Al-Jazeera fait l’objet depuis plusieurs mois. La chaîne qatarie est en effet désignée par les autorités comme “l’ennemi d’un Yémen unifié”, suite notamment à la diffusion de reportages sur les évènements dans le Sud du pays. Le 26 juillet 2009 au matin, Mourad Hashem, responsable du bureau d’Al-Jazeera à Sanaa, a reçu des menaces de mort proférées par téléphone. « Les autorités usent et abusent de la défense de l’unité nationale pour censurer les médias qui tentent de couvrir les évènements dans le Sud du pays. Au nom de cette unité, le travail des équipes d’Al-Jazeera au Yémen est quotidiennement entravé. Les pressions et menaces constituent des violations graves à la liberté d’expression, principe qui figure à l’article 42 de la Constitution du Yémen. Les journalistes ne doivent pas être les bouc-émissaires de conflits politiques », a déclaré l’organisation. Le 16 juillet 2009, Ali Mossaad Al Lahbi, membre de la Chambre des représentants, a publiquement exigé le retrait de la licence d’Al-Jazeera, et la fermeture des bureaux de la chaîne en raison de sa diffusion d’informations jugées “hostiles à l’unité et à la sécurité du Yémen“. Le 26 juillet, Mourad Hashem, responsable du bureau de la chaîne panarabe à Sanaa, a reçu des menaces de mort proférées par téléphone d’un numéro inconnu, enregistré en Arabie saoudite. En avril dernier, il avait déjà reçu des menaces analogues, ainsi qu’un de ses collègues. Reporters sans frontières avait alors écrit aux autorités yéménites compétentes afin d’attirer leur attention sur ces menaces, demandant que les journalistes de la chaîne soient protégés. « Le harcèlement incessant que je subis est le fruit d’une campagne contre la chaîne qui vise à détourner les journalistes de leur devoir professionnel. Nous faisons notre travail, avec soin, de manière professionnelle et impartiale, selon les normes généralement reconnues. Il est clair que beaucoup de personnes s’en plaignent. De plus, Al-Jazeera est la seule chaîne de télévision à donner voix à l’opposition du Sud », a déclaré Mourad Hashem. Interpellations et intimidations de la part des forces de sécurité sont le lot quotidien des journalistes de la chaîne, pour les empêcher de couvrir des manifestations comme celles qui ont eu lieu à Lahij et à Aden, en mai dernier. Toujours à Aden, une équipe d’Al-Jazeera a été expulsée d’une conférence tenue avec des autorités locales en présence d’un vice-Premier ministre. Le 27 juillet, des journalistes de la chaîne envoyés pour couvrir les séances de questions-réponses au Parlement ont été les seuls à se voir interdire l’accès à l’hémicycle, sans justification. La séance portait sur les questions de défense et de sécurité nationale. Par ailleurs, des forums sur Internet et des journaux populaires, notamment dans la province de Taez, appellent au meurtre des journalistes d’Al-Jazeera. Des collaborateurs de la chaîne ont subi des agressions physiques, notamment le reporter Fadel Moubarak alors qu’il couvrait une manifestation dans la province d’Abyn (sud du pays). Lire le dernier communiqué : http://www.rsf.org/Acharnement-des-autorites-contre.html
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Updated on 20.01.2016