Ahmed Rodríguez Albacia libéré après quarante-huit heures de détention
Reporters sans frontières dénonce l'arrestation sans motif, le 15 septembre 2006, d'Ahmed Rodríguez Albacia (photo), 21 ans, correspondant de l'agence indépendante Jóvenes sin Censura à La Havane. L'organisation rappelle que Cuba, qui vient de prendre la présidence tournante du Mouvement des non-alignés, s'est engagée à veiller au respect des droits de l'homme dans les pays concernés.
Reporters sans frontières dénonce l'arrestation par la Sécurité de l'Etat, le 15 septembre 2006, d'Ahmed Rodríguez Albacia, 21 ans, de l'agence de presse indépendante Jóvenes sin Censura. “L'arrestation d'Ahmed Rodríguez Albacia nous fait craindre de nouvelles détentions sans jugement après celles d'Oscar Mario González Pérez et de Roberto de Jesús Guerra Pérez, en juillet 2005, et d'Armando Betancourt, en mai 2006. Ahmed Rodríguez Albacia et sa famille ont été la cible de harcèlements continuels depuis plusieurs semaines. Nous demandons aux autorités de le libérer au plus vite. Cuba, qui assure la présidence du Mouvement des non-alignés, s'est engagée à veiller au respect des droits de l'homme et des libertés publiques dans les pays concernés à l'issue du Sommet de La Havane des 11 au 16 septembre”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 15 septembre, Ahmed Rodríguez Albacia a été arrêté alors qu'il se présentait, pour des raisons personnelles, à l'unité de police « Dragones » dans le vieux centre de La Havane où il réside. Le jeune journaliste a été suivi par deux officiers de la Sécurité de l'Etat (police politique), qui ont procédé sur place à son arrestation. Selon Margarita Albacia, sa mère, le chef de la police a refusé de lui donner des explications et de la laisser voir son fils, l'informant seulement qu'il était interrogé et qu'il serait de retour dans quelques jours. Le matin même de son arrestation, Ahmed Rodríguez Albacia avait rapporté à la Fondation cubaine des droits de l'homme (FCDH) que des membres des Comités de défense de la révolution (CDR), des Brigades de réponses rapides et de la Sécurité de l'Etat avaient encerclé sa maison et menacé sa mère et lui-même de leur “casser la tête”. Le 4 août dernier, le journaliste et sa famille avaient déjà été victimes d'une opération similaire de la Sécurité de l'Etat, des CDR, de la Fédération des femmes cubaines et du Parti communiste dont une soixantaine de membres avaient entravé l'accès à la maison et averti que toute réunion “contre-révolutionnaire” qui s'y tiendrait ne serait plus tolérée. Ahmed Rodríguez Albacia avait alors crié “Vive les droits de l'homme !”, attisant la colère des assaillants. Créée en septembre 2005 par de jeunes journalistes, Jóvenes sin Censura subit depuis le début les pressions de l'Etat. Le 29 décembre 2005 à Holguín (Est), la directrice de l'agence, Liannis Meriño Aguilera, 21 ans, avait été sommée par deux agents de la Sécurité de l'Etat d'arrêter ses activités. Depuis l'hospitalisation de Fidel Castro et le transfert des pouvoirs à son frère Raúl le 31 juillet, le régime n'a desserré l'étau ni sur la presse indépendante ni sur la presse étrangère. Certains journalistes issus de pays non-alignés se sont vu refuser leur visa pour couvrir le Sommet de La Havane.