Reporters sans frontières en appelle à la ministre de l'Intérieur, Pilar Mazzetti Soler, face à la multiplication des agressions et menaces de mort envers les journalistes. Des élus, des fonctionnaires ou des policiers sont la plupart du temps les auteurs de ces violences. L'organisation demande des mesures disciplinaires.
Devant la multiplication des agressions et des menaces de mort envers des journalistes, dont des élus ou des fonctionnaires sont souvent responsables, Reporters sans frontières en a appelé solennellement, le 22 février 2007, à la ministre de l'Intérieur pour que des sanctions mettent fin à ces brutalités.
“Avec une quinzaine de cas d'agressions et de menaces de mort contre des journalistes, le Pérou se classe, une fois encore, au premier rang du continent pour ce type de violences envers la presse. Ces voies de fait sont d'autant plus choquantes qu'elles émanent la plupart du temps d'élus, de fonctionnaires, voire de policiers, censés veiller au respect de la loi. Dans ces conditions, il n'est guère étonnant que les plaintes des victimes n'aboutissent jamais. C'es pourquoi nous attendons de la ministre de l'Intérieur, Mme Pilar Mazzetti Soler, des mesures disciplinaires, en plus des sanctions pénales, contre les auteurs de ces actes”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 19 février 2007, Aldo Meza Torres, de Radio Calor, a été averti à l'antenne qu'il subirait des représailles s'il continuait à dénoncer des irrégularités administratives et des abus de pouvoir au sein de la police de Casma (Ouest). Le journaliste a demandé à bénéficier d'une protection auprès des autorités. En juillet 2006, Aldo Meza Torres avait déjà été menacé et agressé pour les mêmes raisons par le commissaire Marino Giménez Carrera, chef de la police de Casma.
Animateur de programme sur la station locale Radio Salcantay, Efraín Chunga Lovón a subi pendant une interview, le 15 février, les représailles physiques de Víctor del Castillo Alarcón, ancien maire du district de Santiago, à Cusco (Sud-Est), dont il avait dénoncé la gestion. Passé à tabac dans la rue trois jours plus tard, dans le département de Tacna (Sud), Nicolás Palza Velarde, de Radio Caplina, a reconnu parmi ses agresseurs un ancien candidat aux élections municipales, Toribio Urure Robles, a rapporté l'Association nationale des journalistes du Pérou (ANP).
Le 12 février à Huaraz (Ouest), Edwin Ocrospoma Reynaga, de la chaîne AMR Televisión, a été menacé de mort par téléphone. Selon l'organisation de défense de la liberté de la presse Instituto Prensa y Sociedad (IPYS), le journaliste a attribué ces menaces à ses mises en cause de la police municipale et de l'organisation Front pour la défense des intérêts de Huaraz, une organisation civile, dans des affaires de corruption.
Hugo Gonzáles Henestroza, du quotidien Ya, a, lui aussi, été menacé de mort, le 6 février, par le secrétaire du Syndicat des travailleurs du gouvernement régional d'Ancash (Ouest), Abelardo Cabello Tinoco. Le journaliste avait révélé une affaire de trafics d'influence impliquant ce dernier.
Le 26 janvier, Antonio Asalde Lluen, directeur du quotidien régional El Guerrero à Casma, a reçu des menaces de mort en pleine rue de la part de Yutaca Cadota, conseillère du maire de la ville. Les menaces visaient également la famille du journaliste. Antonio Asalde Lluen avait récemment dénoncé dans ses articles la nomination de la fonctionnaire, malgré une présumée absence de qualifications requises.
Elizabeth Salinas, animatrice du programme radiophonique “Satélite Noticias”, et Cinthia Florez, photographe de la revue Cono Este, ont été agressées et menacées de mort par deux fonctionnaires municipaux, José Luis Zafra et Mazzi Soto, le 20 janvier à Chosica (est de Lima). Les deux agresseurs ont ordonné à leurs victimes de cesser d'enquêter sur une affaire de corruption impliquant le maire de la ville. Les deux journalistes étaient les cibles de harcèlements depuis octobre 2006.
Enfin, le 1er janvier à Chimbote (Ouest), la maison de la journaliste indépendante Marilú Gambini Lostanau a été forcée. Les malfaiteurs sont revenus le lendemain. Au total, la journaliste, en exil depuis avril 2006 après avoir enquêté sur des affaires de narcotrafic (cf. communiqué du 12 avril 2006), aura été cambriolée quatre fois en deux ans. Le 1er janvier dernier, le gardien de la résidence, Jorge Vega, a voulu dénoncer les faits à la police qui a refusé, arguant qu'il n'était pas le propriétaire. Le lendemain, Jorge Vega a été menacé de mort par deux inconnus.