Le colonel Ali Öz a nié avoir été prévenu des projets d'assassinats du journaliste d'origine arménienne, Hrant Dink. Par ailleurs, un rapport parlementaire accuse les forces de l'ordre de négligence dans cette affaire.
"Nous demandons que toutes les enquêtes ouvertes soient jointes et qu'enfin toutes les responsabilités soient déterminées”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 21 juillet 2008, le colonel Ali Öz, ancien chef de la gendarmerie de Trabzon, a été entendu en tant que témoin par le juge de la première chambre du tribunal de Bursa (au sud d'Istanbul). Le 20 mars dernier, deux gendarmes de Trabzon avaient affirmé au cours de leur procès, que leurs supérieurs, dont Ali Öz, étaient au courant des projets d'assassinat du journaliste d'origine arménienne, Hrant Dink. Le colonel a réfuté ces déclarations.
Parallèlement à ces auditions, une sous-commission parlementaire a publié un rapport, le 23 juillet, dans lequel elle accuse les forces de l'ordre de négligence dans cette affaire. Le président de cette commission, Mehmet Ocaktan, a insisté sur le caractère indépendant de ce rapport, dont le rôle n'est pas d'élucider l'affaire mais de déterminer des négligences administratives.
“Nous continuons à nous inquiéter des retards et des rebondissements dans l'enquête sur l'assassinat de Hrant Dink. Le rapport rendu par la sous-commission parlementaire confirme que des policiers et des gendarmes de Trabzon ont commis des erreurs. Pourtant chacun continue à se rejeter la faute. Nous demandons que toutes les enquêtes ouvertes soient jointes et qu'enfin toutes les responsabilités soient déterminées”, a déclaré Reporters sans frontières.
Pour la première fois depuis l'assassinat de Hrant Dink, le 19 janvier 2007, l'ancien chef de la gendarmerie de Trabzon, Ali Öz a été entendu par la justice en tant que témoin. Il a nié toutes les déclarations de Okan Simsek et Veysel Sahin, deux gendarmes de Trabzon, qui l'accusaient d'avoir été prévenu de la préparation de l'assassinat de Hrant Dink lors d'une réunion au cours de l'été 2006. Le colonel s'est contenté de répondre au juge : “Je ne me souviens plus si ce cas était à l'ordre du jour.” Il a ajouté avoir été informé de la mort du journaliste par téléphone alors qu'il était en déplacement.
Les avocats de la famille Dink ont interrogé Ali Öz sur le fait que Okan Simsek et Veysel Sahin étaient au courant de la préparation de l'assassinat de Hrant Dink. Le colonel leur a répondu : “Si Simsek et Sahin ont obtenu une telle information, il leur appartenait de faire le nécessaire. Ils n'avaient pas besoin de mes ordres. Comme je l'ai déjà dit, je ne me souviens pas si l'on m'a informé.”
Deux jours après cet interrogatoire, la sous-commission des droits de l'homme du parlement turc, chargée d'enquêter sur des négligences administratives éventuelles de l'enquête, a rendu un rapport critiquant le comportement des forces de l'ordre. Au cours d'une conférence de presse, le président de la sous-commission, Mehmet Ocaktan, a déclaré : “Nous avons conclu à la présence de négligences, d'erreurs et de manque de coordination entre la gendarmerie et la police.”
Mehmet Ocaktan a refusé de répondre aux questions des journalistes soulevant qu'il était contradictoire qu'une enquête soit menée sur la gendarmerie de Trabzon, mais pas sur sa police. “Notre rôle n'est pas d'élucider l'assassinat mais de déterminer des négligences administratives. Le procès est en cours et nous ne pouvons pas faire de commentaires”, a-t-il déclaré.