Reporters sans frontières s'interroge sur les raisons qui ont mené au renvoi du Procureur général Sviatoslav Piskoun et sur les liens éventuels de ce limogeage avec l'enquête sur le meurtre du journaliste Géorgiy Gongadze, après l'arrestation, le 24 octobre 2003, d'un ancien membre du ministère de l'Intérieur et les multiples erreurs et dysfonctionnements qui ont entravé depuis plus de trois ans la recherche de la vérité dans cette affaire.
Reporters sans frontières s'interroge sur les raisons qui ont mené au renvoi du Procureur général Sviatoslav Piskoun et à ses liens éventuels avec l'enquête sur le meurtre du journaliste Géorgiy Gongadze. étant donné la coïncidence de ce limogeage avec l'arrestation, le 24 octobre 2003, d'un ancien membre du ministère de l'Intérieur et les multiples erreurs et dysfonctionnements qui ont entravé depuis plus de trois ans la recherche de la vérité dans cette affaire.
"Nous vous demandons de confirmer que ce renvoi n'a aucun rapport avec l'enquête sur l'assassinat de Géorgiy Gongadze et de nous tenir informés des développements de ce dossier, notamment des suites de l'arrestation de l'ancien directeur du département des services secrets du ministère de l'Intérieur, Oleksyi Pukach. Nous vous demandons également de nous faire connaître le plus rapidement possible l'identité de celui qui sera en charge de cette affaire", a déclaré Robert Ménard dans un courrier adressé au président Koutchma. "L'absence de résultats dans cette enquête ne cesse de nous inquiéter. Ce nouveau bouleversement ne peut que retarder encore un peu plus l'élucidation de ce meurtre", a-t-il ajouté.
L'organisation s'est également adressée à Sviatoslav Piskoun et lui a demandé, dans le cas où il aurait la conviction que son renvoi serait lié, ne serait-ce qu'en partie, aux développements de cette enquête. de rendre publiques les preuves qu'il aurait pu découvrir et qui permettraient d'élucider l'affaire Gongadze.
Sviatoslav Piskoun a été démis de ses fonctions le 29 octobre 2003 par un décret du président Léonid Koutchma, sur une demande du comité officiel chargé de la coordination de la lutte contre la corruption, officiellement pour abus de pouvoir et graves violations de la loi. Depuis juillet 2002, date de sa nomination après le renvoi de son prédécesseur Mikhaïlo Potebenko, M. Piskoun était en charge de l'enquête sur le meurtre du journaliste.
Géorgiy Gongadze a disparu à l'âge de 31 ans, le soir du 16 septembre 2000. Son corps décapité et mutilé a été retrouvé le
2 novembre 2000. Une mission d'enquête de Reporters sans frontières, réalisée en janvier 2001, avait constaté l'accumulation de fautes dans l'enquête, d'une gravité exceptionnelle. Mikhaïlo Potebenko, ancien procureur général élu au Parlement ukrainien en mars 2001, a mené l'instruction avec le souci premier de protéger l'exécutif des graves accusations dont il était l'objet. Myroslava et Lessia Gongadze, veuve et mère du journaliste, ont été systématiquement écartées de l'enquête et se sont vu refuser jusqu'à fin janvier 2001 le statut de partie civile. Myroslava Gongadze a porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) contre l'Etat ukrainien le 16 septembre 2002.