Affaire Couso : Le juge Santiago Pedraz veut entendre de nouveaux témoins

L'ex-ministre de la Défense du gouvernement de José Maria Aznar, Frederico Trillo, et l'ex-ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio, sont cités à comparaître par le juge Santiago Padraz dans le cadre du dossier qu'il instruit sur la mort du cameraman de Telecinco José Couso, tué le 8 avril 2003 par un tir d'obus américain sur l'hôtel Palestine de Bagdad. Le juge a également convoqué, le 9 juin 2008, trois journalistes espagnols présents à Bagdad lors de l'attaque américaine, qui avait causé la mort d'un cameraman de l'agence Reuters, Taras Protsyuk. Cette décision intervient quelques jours après les révélations d'un ancien officier des services de renseignements de l'armée américaine affirmant que l'hôtel abritant de nombreux correspondants étrangers figurait dans une liste de cibles militaires potentielles. “Nous saluons les efforts du juge espagnol et espérons qu'ils permettront d'établir sans équivoque, plus de cinq ans après les faits, les responsabilités dans la mort des deux journalistes. La coopération des autorités américaines, espagnoles et irakiennes doit rester entière“, a déclaré Reporters sans frontières. Le juge Santiago Padraz a décidé de convoquer Frederico Trillo et Ana Palacio afin de compléter son dossier avec les informations fournies en 2003 par les autorités américaines à ces deux anciens ministres, alors en fonction. Le juge a également adressé une commission rogatoire en Irak pour demander l'autorisation de la venue d'une commission judiciaire espagnole à Bagdad. Cette décision relance le dossier après que l'Audience nationale a confirmé, le 13 mai 2008, le recours introduit par le ministère public pour arrêter les poursuites que le juge Santiago Padraz souhaite engager contre les trois militaires américains impliqués dans les tirs contre l'hôtel Palestine. Le 13 mai 2008, l'officier Adrienne Kinne, ancien membre des services de renseignements au sein de l'armée américaine, a déclaré dans l'émission “Democracy Now!”, présentée par Amy Goodman et diffusée sur plusieurs chaînes locales, que l'hôtel Palestine faisait partie des cibles potentielles identifiées par le Pentagone à Bagdad, au moment de l'entrée des troupes dans la capitale irakienne en mars 2003. L'ex-militaire a ajouté qu'elle avait tenté d'alerter sa hiérarchie sur la présence de nombreux journalistes dans le bâtiment. Elle a déclaré ne pas avoir été écoutée. Interrogé à ce sujet par Reporters sans frontières, un porte-parole du Pentagone s'est contenté de rappeler que l'enquête menée par le ministère américain de la Défense avait conclu que l'attaque de l'hôtel Palestine était “un accident regrettable”.
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Updated on 20.01.2016