Le ministre français de la Justice avait promis, en janvier 2006, d'inscrire le droit à la protection du secret des sources des journalistes dans la loi. Ses récentes déclarations laissent planer le doute sur la volonté réelle du gouvernement de protéger la liberté de la presse, alors que le Premier ministre attaque trois journalistes en justice pour diffamation.
“Plus que des déclarations, nous attendons des actes de la part du gouvernement pour protéger la liberté de la presse”
« Nous sommes déçus par les propos tenus par le ministre de la Justice sur le droit à la protection du secret des sources des journalistes. Ces nouvelles déclarations ne font que reprendre ce que le ministre avait déjà annoncé le 11 janvier 2006, lors de ses vœux à la presse, et les termes employés par le ministre sont même un ton en dessous. Depuis, aucune avancée concrète n'a été constatée et aucune loi n'est en préparation sur le sujet. Nous espérons que les parlementaires se saisiront du dossier à l'automne », a déclaré Reporters sans frontières.
« Par ailleurs, nous nous interrogeons sur la volonté réelle du gouvernement de protéger la liberté de la presse en France, alors même que le Premier ministre vient de porter plainte contre trois journalistes pour diffamation. La décision de M. de Villepin ne fait que brouiller le message du ministre de la Justice. A notre connaissance, aucun premier ministre en exercice ne s'était attaqué à la presse avant M. de Villepin et les présidents de la Ve République s'étaient même engagés à ne jamais le faire », a ajouté l'organisation.
Le ministre français de la Justice, Pascal Clément, avait annoncé le 11 janvier 2006, l'introduction du droit à la protection du secret des sources dans la loi sur la presse du 29 juillet 1881. Reporters sans frontières s'était félicitée de cette initiative, qualifiée de « vraie avancée », expliquant que les journalistes allaient pouvoir bénéficier de garanties élargies, notamment lors des perquisitions à leur domicile.
Le 20 juin, lors d'un colloque organisé à Paris par l'association Presse-Liberté, Pascal Clément a déclaré qu'il « souhaitait » inscrire le droit à la protection du secret des sources alors qu'il avait affirmé en janvier que ce droit serait bien inscrit dans la loi. Plus loin, il a souligné qu'il « envisageait » d'étendre au domicile des journalistes les dispositions relatives aux perquisitions dans les entreprises de presse. Dans son discours de janvier, le ministre avait promis de le faire.
Par ailleurs, le 19 juin, le Premier ministre français Dominique de Villepin a porté plainte pour diffamation contre Denis Robert, journaliste et écrivain, auteur de plusieurs ouvrages sur l'affaire Clearstream, dont le dernier, « Clearstream, l'enquête », a été retiré temporairement de la vente.
La même plainte a été déposée par le Premier ministre contre Jean-Marie Pontaut et Gilles Gaetner, auteurs de « Règlements de compte pour l'Elysée ». Ils sont respectivement rédacteur en chef et rédacteur en chef adjoint du service Investigation de l'hebdomadaire L'Express.