Affaire Anna Politkovskaïa : le procès sera finalement ouvert

Le 25 novembre 2008, le tribunal militaire de Moscou a décidé que le procès des assassins présumés de la journaliste Anna Politkovskaïa sera finalement ouvert à la presse et au public. Selon l'un des avocats des accusés, Mourad Moussaïev, les jurés ont réaffirmé qu'ils n'étaient pas contre l'ouverture du procès. Le 19 novembre, le tribunal avait prétexté une demande des jurés pour fermer le procès à la presse et au public. L'un d'entre eux avait alors affirmé sur les ondes de Echo Moskvy que le tribunal leur avait forcé la main pour obtenir un huis clos. Suite à cette déclaration, il a demandé à ne plus figurer parmi les jurés. Le tribunal l'a récusé le 25 novembre. Le 19 novembre 2008, le juge Evgueni Zoubov avait suspendu le procès jusqu'au 10 décembre. Mais, quelques jours plus tard, une nouvelle audience était fixée au 25 novembre. Quelques minutes avant l'ouverture de l'audience le 25 novembre, l'avocat Mourad Moussaïev a déclaré que le commanditaire de cet assassinat était un « homme politique russe ». La veille Alexandre Bastrykine, le président du comité d'enquête du parquet russe, a annoncé que l'identité du commanditaire n'était toujours pas connue. 20.11 - Procès Politkovskaïa : l'un des jurés affirme que le tribunal leur a forcé la main pour obtenir un huis clos Le 20 novembre 2008, l'un des jurés du procès des assassins d'Anna Politkovskaïa a déclaré, dans une interview à la radio indépendante Echo Moskvy, que ceux-ci n'avaient jamais demandé que le procès soit fermé au public et que la secrétaire du tribunal militaire était intervenue pour leur faire signer une déclaration qu'ils n'avaient pas rédigée, a appris Reporters sans frontières auprès de la rédaction de la station. Selon l'interview diffusée par Echo Moskvy, le juré Evguéni Kolessov a déclaré que, le 19 novembre 2008, vers 11heures 30, heure à laquelle l'audience devait débuter, les jurés s'étaient réunis mais qu'ils avaient dû patienter une heure et demie environ. “Nous ne comprenions pas pourquoi cela traînait autant. Nous croyions que des questions d'organisation devaient sans doute être réglées”, a-t-il déclaré. “Vers 13heures 30, on nous a informés que nous pouvions aller déjeuner. Avant cela, la secrétaire du tribunal était venue nous voir à plusieurs reprises et nous avait déclaréqu'il y avait beaucoup de journalistes et que cela nous dérangerait peut-être. Elle le disait sans doute parce que certains d'entre nous ne voulaient pas voir de caméra pendant le procès”. “Après cela”, a continue le juré, “la secrétaire nous a apporté un document pour que nous le signions, sur lequelle était écrit que nous refusions la présence de la presse, car nous avions peur”. Personne ne l'a signé. Nous avons répondu que nous voulions d'abord voir comment l'audience se déroulerait. Elle devait s'ouvrir en présence de la presse. Nous aurions décidé plus tard si nous demandions aux journalistes de quitter la salle. Nous n'avons pas décidé que la presse devait être interdite“. Les jurés ont ensuite adressé un courrier au tribunal, indiquant que “durant le procès, (ils) n'avaient fait aucune déclaration et qu'(ils) avaient seulement demandé que les caméra vidéos ne soient pas autorisées à filmer, mais qu'(ils) n'étaient pas opposés au fait que la presse écrite assiste au procès.” Evguéni Kolessov a préparé, en son nom propre, une déclaration à l'attention du tribunal dans laquelle il demande à ne plus figurer parmi les jurés, car il ne souhaite pas prendre à un procès faussé. La prochaine audience est fixée au 10 décembre.