Vietnam : 10 ans de prison pour la blogueuse "Mother mushroom"

Reporters sans frontières (RSF) exhorte la justice vietnamienne à relâcher la blogueuse poursuivie pour “propagande anti-étatique”. L’organisation demande également au régime de cesser d’invoquer l’article 88 du code pénal pour faire taire les critiques envers le gouvernement.

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Actualisation:

La dissidente et blogueuse vietnamienne, connue sous le nom de Me Nam ou "Mother mushroom", a été condamnée jeudi 29 juin à dix années de prison pour “propagande anti-étatique” à l’issu d’une journée de procès à huis clos. Le tribunal lui a reproché de nuire à l’unité nationale, érodé la confiance populaire dans le gouvernement et sapé la sécurité nationale.

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Plus connue sous son pseudonyme “Me Nam” (Mother Mushroom), Nguyen Ngoc Nhu Quynh, doit être jugée à compter de ce jeudi 29 juin, après plus de huit mois de détention incommunicado. Arrêtée le 10 octobre 2016, la blogueuse est accusée par les autorités locales d’avoir, par ses articles, “déformé la vérité et l’histoire, diffamé le Parti communiste vietnamien et avoir incité à la violence contre le Parti au pouvoir”, en violation de l’article 88 du code pénal.


Nguyen Ngoc Nhu Quynh est l’une des principales figures de la liberté d’expression au Vietnam. Sur les réseaux sociaux, elle avait notamment abordé la délicate question des violences policières et avait révélé, en avril 2016, la mauvaise gestion des autorités après la fuite de polluants industriels de l’usine taïwanaise Formosa Ha Thinh Steel Corporation. La blogueuse a été récemment récompensée par le Prix international du courage féminin en mars 2017.


A la veille de l’ouverture de son procès, ce jeudi 29 juin, RSF exhorte la justice vietnamienne à abandonner les charges injustes qui pèsent contre la blogueuse et à la libérer de façon inconditionnelle. “L’article 88 du code pénal ne doit pas servir de prétexte pour étouffer les critiques envers le régime, et le Parti unique au pouvoir doit cesser de faire de la liberté d’expression un crime systématiquement puni” précise l’organisation qui dénonce par ailleurs les pressions dont est victime la mère de la blogueuse, Nguyen Thi Tuyet Lan, qui est constamment suivie par les autorités locales depuis l’arrestation de sa fille.


Au Vietnam, le Parti communiste au pouvoir n’accepte aucune critique à son encontre et contrôle l’intégralité des médias, mais depuis quelques années les dissidents se servent des médias sociaux pour informer librement la population. Les intimidations et les représailles à l’encontre de ces voix indépendantes et critiques, mais aussi de leurs familles sont par conséquent fréquentes, comme ce fut le cas pour les proches du blogueur Pham Minh Hoang.


Le procès de Nguyen Ngoc Nhu Quynh va s’ouvrir, quelques jours à peine après l’expulsion vers la France d’un autre blogueur dissident, Pham Minh Hoang. Les opposants sont fréquemment emprisonnés au Vietnam, mais Pham Minh Hoang est le premier dissident de l'histoire récente à se voir déchoir de sa nationalité vietnamienne pour être expulsé malgré son émouvant appel lancé auprès de RSF quelques jours auparavant.


Le Vietnam occupe la 175e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2017.
Publié le
Mise à jour le 23.08.2019