Saleem Samad libéré après cinquante jours de détention abusive

L'organisation se félicite de la libération de son correspondant arrêté pour avoir travaillé avec une équipe de la chaîne Channel 4. Reporters sans frontières regrette que les autorités aient tenté de le maintenir en détention malgré l'absence totale de preuves.

Le 18 janvier 2003, Saleem Samad est sorti libre de la prison de Gazipur (au nord de Dhaka) après cinquante jours de détention. Le 14 janvier, la Haute Cour avait déclaré "illégale" sa détention en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux. Sa famille a accueilli le journaliste à sa sortie de prison. Il avait été arrêté le 29 novembre 2002 à Dhaka pour avoir travaillé avec deux reporters de la chaîne de télévision britannique Channel 4. Ses proches, notamment sa femme et son fils, ont été harcelés par la police au cours des dernières semaines. Reporters sans frontières se félicite de la libération de Saleem Samad, et salue le travail de son avocat et la mobilisation de centaines de journalistes et défenseurs des droits de l'homme qui ont défendu l'innocence de son correspondant. Mais l'organisation regrette que les autorités, notamment le ministère de l'Intérieur, aient tenté de maintenir en détention Saleem Samad malgré l'absence totale de preuves sur l'implication de ce militant de la liberté d'expression dans des "activités contre l'Etat". Reporters sans frontières demande que les charges qui pèsent toujours contre l'équipe de la chaîne de télévision Channel 4 soient annulées. L'organisation soutiendra également toute initiative de Saleem Samad ou de Priscilla Raj, également détenue dans cette affaire, pour demander des compensations pour les tortures qu'ils ont subies lors de leurs interrogatoires. ________________________________________________________________________________________ La Haute cour juge la détention de Saleem Samad illégale Le 14 janvier, la Haute cour a jugé illégale la détention du journaliste Saleem Samad, arrêté le 29 novembre 2002 en vertu de la loi d'urgence Special Powers Act. Selon la Haute cour, le gouvernement est incapable de prouver que le journaliste était impliqué dans des "activités contre l'Etat". La famille du journaliste tente de rassembler tous les papiers administratifs pour obtenir la libération de M. Samad. Le correspondant de Reporters sans frontières est détenu à la prison de Kashimpur, dans le district de Joydevpur (au nord de Dhaka). ___________________________________________________________ 10.01.03 Saleem Samad transféré secrètement dans une prison de province Dans l'après-midi du 7 janvier, le journaliste et militant des droits de l'homme Shahriar Kabir est sorti libre de la prison de Chittagong (sud-est du pays). Trois jours auparavant, la Haute Cour avait déclaré illégale sa détention en vertu de la loi d'exception Special Powers Act, et avait ordonné sa libération sous vingt-quatre heures. Malgré ce jugement, le gouvernement a tenté de prolonger sa détention de quatre-vingt-dix jours, prétextant que l'ordre des juges n'était pas arrivé à la prison. Sa famille et les intellectuels de Chittagong, où le journaliste avait échappé à une tentative d'assassinat en 2001 par des islamistes, l'attendaient devant les portes de la prison. Il a déclaré à la presse être victime de la vengeance du parti au pouvoir et a dénoncé les tortures et mauvais traitements subis par ses collègues journalistes dans les prisons. Shahriar Kabir était emprisonné depuis un mois après avoir été interviewé par les journalistes anglais de la télévision Channel 4. Par ailleurs, dans la matinée du 9 janvier, l'universitaire et éditorialiste Muntasir Mamun est libéré de la prison du district de Dinajpur sur ordre de la Haute Cour. Il avait été arrêté le même jour que Shahriar Kabir, et détenu pendant un mois en vertu du Special Powers Act. ______________________________________________________________ 05.01.03 Reporters sans frontières est très inquiète pour l'intégrité physique du journaliste Saleem Samad après que le gouvernement a décidé de le transférer dans le plus grand secret vers la prison de Gazipur (nord de Dhaka). Le journaliste a été arrêté, il y a plus d'un mois, pour avoir travaillé avec des journalistes de la chaîne anglaise Channel 4. "Les journaux islamistes et conservateurs ont beau abreuver leurs lecteurs de fausses révélations sur l'existence d'une conspiration internationale contre le Bangladesh, le gouvernement est incapable d'avancer le début d'une preuve contre Saleem Samad. L'état de droit doit être respecté et notre correspondant doit être libéré comme l'exige la Haute Cour de justice", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Altaf Hossain Chowdhury, Reporters sans frontières s'est interrogée : "Comment votre gouvernement peut-il accuser Saleem Samad, qui est à la fois correspondant d'un quotidien pakistanais Daily Times et du site d'information indien Tehelka.com, harcelé par le gouvernement de New Delhi, d'être un agent des services secrets indiens au service d'un complot contre le Bangladesh ? Ces accusations ne tiennent pas." La famille de Saleem Samad a informé Reporters sans frontières que le journaliste a été transféré dans le plus grand secret, le 1er janvier 2003, de la prison de Dhaka à celle de Gazipur (soixante kilomètres au nord de Dhaka). Ses proches et son avocat n'ont pas pu le voir depuis une semaine. Les autorités n'ont par ailleurs pas confirmé cette décision. Dans le même temps, le gouvernement doit répondre le 7 janvier à une demande de la Haute Cour de justice de révéler les raisons de la détention prolongée de Saleem Samad en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux (Special Powers Act). Mais la police et les services secrets semblent être incapables de réunir des preuves contre Saleem Samad. La Haute Cour a déjà accordé à Saleem Samad, le 24 décembre, une libération sous caution que le gouvernement n'a pas exécutée. Au contraire, le gouvernement a tenté, le 31 décembre, d'obtenir d'un juge que Saleem Samad soit de nouveau transféré dans les locaux de la police pour de nouveaux interrogatoires. Lors de sa première garde à vue, le correspondant de Reporters sans frontières a été torturé par les policiers. Par ailleurs, des journaux islamistes, notamment les quotidiens Inqilab et Sangram, continuent de mettre en cause Saleem Samad et d'autres journalistes dans un "complot international" contre le Bangladesh. Ainsi, les quotidiens Sangram, Inqilab et Manavzamin ont publié, le 31 décembre, un article identique sur un "complot international" mené par l'équipe de la chaîne Channel 4, notamment Saleem Samad, et les services secrets indiens. Des centaines de journalistes ont déjà signé la pétition en faveur de Saleem Samad sur le site Internet www.rsf.org. De nombreuses demandes de libération de Saleem Samad, notamment de Channel 4, ont été envoyées au gouvernement. Amnesty International a par ailleurs lancé une initiative mondiale en faveur du journaliste. ____________________________________________________________________________________________ 26.12.02 Le gouvernement utilise une loi d'exception pour détenir Saleem Samad un mois supplémentaire Reporters sans frontières est indignée par la décision du gouvernement du Bangladesh de maintenir en détention Saleem Samad, journaliste et correspondant de l'organisation, en vertu de la Loi sur les pouvoirs spéciaux (Special Powers Act de 1974). "Alors que la famille et les proches de Saleem Samad s'apprêtaient à célébrer sa libération ordonnée par la Haute Cour, le gouvernement prend une décision injustifiée et abusive", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Altaf Hossain Chowdhury, à l'origine de la détention prolongée de Saleem Samad, Reporters sans frontières a demandé la libération immédiate du journaliste et l'abandon des accusations de "conspiration" et de "sédition" qui pèsent contre lui. "On peut se demander pourquoi Saleem Samad est toujours emprisonné alors que Zaiba Malik, Bruno Sorrentino et Priscilla Raj, les principaux accusés, ont déjà été libérés. Si le gouvernement de Dhaka a quelque chose à reprocher à Reporters sans frontières pour son travail de dénonciation des violations répétées de la liberté de la presse au Bangladesh, il peut utiliser la justice internationale et cesser de harceler notre correspondant", a conclu M. Ménard. Le 24 décembre, le jour où la Haute Cour a accordé une libération sous caution à Saleem Samad, fixeur de l'équipe de télévision Channel 4 et correspondant de Reporters sans frontières, le gouvernement a obtenu en vertu d'une loi d'urgence (Special Powers Act), la prolongation de sa détention d'un mois. Le gouvernement n'a fourni aucun détail sur les raisons de cette décision. Saleem Samad a été arrêté le 29 novembre 2002 après avoir collaboré avec deux journalistes britanniques à la préparation d'un documentaire sur la situation politique du Bangladesh. Depuis son adoption en 1974, la loi sur les pouvoirs spéciaux a été dénoncée comme une loi d'exception qui a permis des milliers de détentions abusives. Lors de la campagne électorale de 2001, le Premier ministre Begum Khaleda Zia a promis d'abroger cette loi d'exception. Mais depuis octobre 2001, son gouvernement l'a utilisée pour emprisonner des dizaines d'opposants et de journalistes. Selon un rapport d'enquête parlementaire de 2000, l'Etat du Bangladesh a perdu devant la justice plus 80 % des procédures engagées en vertu de cette loi. Depuis le 8 décembre, Shahriar Kabir, journaliste et militant des droits de l'homme, est également détenu en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux pour avoir témoigné auprès de l'équipe de Channel 4 sur la situation politique dans le pays. Il a été transféré le 22 décembre à la prison de Gazipur (au nord de Dhaka). Quant à Mainul Islam Khan, un autre militant des droits de l'homme, il a été obligé de quitter le pays de peur d'être arrêté. Il avait également aidé l'équipe de Channel 4 lors de son reportage. _________________________________________________________________________________________________ 24.12.02 Le gouvernement retarde la libération de Saleem Samad Le 24 décembre, le gouvernement a empêché la libération de Saleem Samad pourtant ordonnée par la Haute cour dans son jugement du 23 décembre. En raison de la fête de Noël, la libération ne pourra pas avoir lieu avant le 26 décembre. Des proches du correspondant de Reporters sans frontières ont exprimé leur crainte que le gouvernement n'utilise la loi sur les pouvoirs spéciaux (Special Powers Act) qui permet de prolonger d'un mois la détention du journaliste. Cette loi d'exception est actuellement utilisée pour maintenir en détention le journaliste et militant des droits de l'homme Shahriar Kabir, arrêté le 8 décembre dernier. __________________________________________________________________________________________ 23.12.02 Priscilla Raj, militante des droits de l'homme et traductrice de l'équipe de télévision Channel 4, a été libérée le 22 décembre de la prison de Dhaka après quatre semaines de détention. Le lendemain, la Haute Cour a ordonné la libération sous caution de Saleem Samad, journaliste et correspondant de Reporters sans frontières. Il devrait être libéré le 24 décembre. Reporters sans frontières se félicite de la libération de Priscilla Raj et de la décision de justice en faveur de Saleem Samad. L'organisation demande aux autorités politiques et judiciaires d'annuler toutes les charges qui pèsent contre les journalistes de Channel 4, Zaiba Malik et Bruno Sorrentino, et leurs collaborateurs bangladeshis, Priscilla Raj, Saleem Samad et Mainul Islam Khan. Le 22 décembre, Priscilla Raj est sortie libre de la prison de Dhaka. Elle a confirmé à la presse avoir été torturée moralement et physiquement, notamment avec des décharges électriques. Le 23 décembre, la Haute Cour s'est prononcée en faveur de la libération sous caution de Saleem Samad après une demande de son avocat Amir ul-Islam. Si les autorités ne font pas obstruction, le journaliste devrait être relâché le 24 décembre. Saleem Samad avait été arrêtée le 29 novembre après avoir travaillé comme fixeur de l'équipe de Channel 4. Lors des interrogatoires, il a été victime de mauvais traitements. ___________________________________________________________ Mobilisation en faveur de Saleem Samad et Priscilla Raj, emprisonnés sans inculpation 18.02.02 Le 18 décembre 2002, la Haute Cour s'est prononcée en faveur de la libération sous caution de Priscilla Raj, militante des droits de l'homme et traductrice de l'équipe de télévision Channel 4. Le gouvernement n' pas encore donné son accord pour cette libération. Priscilla Raj avait été arrêtée le 29 novembre 2002 alors qu'elle travaillait avec les journalistes anglais et italien Zaiba Malik et Bruno Sorrentino. Lors des interrogatoires, elle a été torturée, notamment avec des décharges électriques. Saleem Samad, journaliste et correspondant de Reporters sans frontières, entame quant à lui son vingtième jour de détention à la prison de Dhaka. Il a été arrêté le 29 novembre 2002 après avoir travaillé avec l'équipe de Channel 4 qui a été expulsée du pays le 11 décembre. Saleem Samad a été frappé lors de son interrogatoire par la police et les services secrets. Reporters sans frontières regrette que le gouvernement retienne en détention les deux collaborateurs des journalistes européens alors que ces derniers, les principaux accusés, ont été libérés. "Après l'expulsion des reporters européens, cette affaire qui n'a que trop duré doit être classée sans suite. Aucune inculpation ne peut être retenue contre Saleem Samad et Priscilla Raj," a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Après leur libération, Zaiba Malik et Bruno Sorrentino ont adressé un message très clair en faveur de leurs collaborateurs. "Nous sommes très inquiets du sort de Priscilla et Saleem qui sont toujours détenus sans inculpation (…) Nous sommes soulagés d'avoir été libérés et il n'y a plus aucune raison de détenir Priscilla et Saleem. Nous demandons aux autorités du Bangladesh de les libérer et de tout mettre en œuvre pour assurer leur sécurité et celle de leurs familles", a écrit Zaiba Malik, le 13 décembre 2002. Plus de 550 personnes, dont de nombreux journalistes, ont déjà signé la pétition en faveur de la libération de Saleem Samad et Priscilla Raj, mise en place sur www.rsf.org. Par ailleurs, le journaliste bangladeshi Tipu Sultan, récemment récompensé par le prix du Comité de protection des journalistes (CPJ), a affirmé à propos de Saleem Samad : "Après avoir été attaqué en 2001 par les hommes d'un député de la Ligue Awami, j'ai reçu le soutien de nombreuses personnes au Bangladesh, dont Saleem Samad. Il a fait parvenir à des organisations internationales des informations sur la manière dont les hommes du député Joynal Hazari ont essayé de me tuer. Saleem Samad est un militant de la liberté de la presse et un journaliste sérieux. Je suis sûr qu'il n'a rien fait contre notre pays. Je demande au gouvernement de Madame Khaleda Zia de le libérer et de faire cesser les menaces contre sa famille." En effet, l'épouse et le fils de Saleem Samad sont obligés de se cacher à Dhaka car la police a menacé d'arrêter Atisha, le jeune fils du journaliste. Celui-ci souffre de traumatismes psychologiques depuis l'arrestation de son père alors qu'il doit prochainement passer des examens scolaires importants. Depuis le 8 décembre, Muntasir Mamun et Shahriar Kabir, deux journalistes et militants des droits de l'homme, sont également retenus par la police pour avoir témoigné auprès de l'équipe de Channel 4 sur la situation politique dans le pays. Shahriar Kabir a été torturé lors d'un interrogatoire et il a été victime d'une attaque cardiaque. Quant à Mainul Islam Khan, militant des droits de l'homme, il a été obligé de quitter le pays de peur d'être arrêté. Il avait également aidé l'équipe de Channel 4 lors de son reportage. Enfin, le gouvernement du Bangladesh n'a toujours pas donné de réponse à la demande de visa déposée le 4 décembre par Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'ambassade du Bangladesh à Paris a déclaré que cela pourrait prendre "plusieurs semaines." ___________________________________________________________________________________________________ Les autorités libèrent les deux journalistes de Channel-4 mais gardent en détention Priscilla Raj et Saleem Samad, et arrêtent deux autres journalistes Le 11 décembre 2002, les autorités ont libéré Zaiba Malik et Bruno Sorrentino (photo), journaliste et cameraman de Channel-4, de la prison de Dhaka. Les deux journalistes ont été expulsés dans la soirée, mais le gouvernement a refusé de se prononcer sur le sort de Priscilla Raj et Saleem Samad qui avaient collaboré avec l'équipe de télévision britannique. Par ailleurs, la police a arrêté, le 8 décembre, Muntasir Mamun et Shahriar Kabir, deux journalistes et militants des droits de l'homme, pour de possibles liens avec cette affaire. Reporters sans frontières se félicite de la libération de Zaiba Malik et Bruno Sorrentino, mais regrette que les personnes qui les ont aidés soient toujours traitées comme des criminels et des "conspirateurs". L'organisation a exigé la libération immédiate et sans conditions de Priscilla Raj et Saleem Samad (photo), correspondant de Reporters sans frontières au Bangladesh. Enfin, l'organisation a demandé des informations sur les motifs de l'arrestation de Muntasir Mamun et Shahriar Kabir, qui pourrait être liée à l'enquête sur les activités de l'équipe de Channel-4. "L'emprisonnement et l'expulsion de ces reporters montrent bien qu'il s'agit d'une affaire politique qui vise à faire peur aux journalistes étrangers qui souhaitent couvrir librement la situation au Bangladesh. Dans cette affaire, nous avons déjà assisté à une parodie de justice, des brutalités lors de l'interrogatoire de Saleem Samad, et maintenant une politique de deux poids, deux mesures entre les journalistes européens et les journalistes bangladeshis", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Le 11 décembre 2002, les autorités de Dhaka ont procédé à l'expulsion de Zaiba Malik et Bruno Sorrentino. Quelques heures auparavant, ils avaient été libérés de la prison de Dhaka après quinze jours de détention. Lors d'une conférence de presse, Reaz Rahman, ministre des Affaires étrangères, a déclaré que les deux journalistes avaient profité d'un "geste extraordinaire" de la part du gouvernement après qu'ils eurent exprimé leurs regrets d'avoir enquêté sans visa de presse sur la présence d'Al-Qaida dans le pays et qu'ils eurent accepté de n'utiliser aucune des vidéos tournées dans le pays. Reaz Rahman a expliqué que la situation de Priscilla Raj et Saleem Samad serait examinée plus tard en application des "lois du pays." Saleem Samad a, quant à lui, été arrêté le 29 novembre à Dhaka. Il a affirmé avoir été brutalisé par le policier Kohinoor Miah, lors de son interrogatoire. Zaiba Malik et Bruno Sorrentino, ainsi que leur traducteur, Priscilla Raj, et leur chauffeur, Mujib, avaient été arrêtés par la police alors qu'ils étaient sur le point de franchir la frontière avec l'Inde, près de Benapole (est du pays). Tout au long de l'enquête, la police a empêché le bon déroulement de la justice. Dans la nuit du 8 décembre, la police a arrêté à leurs domiciles Shahriar Kabir, journaliste indépendant et militant des droits de l'homme, et Muntasir Mamu, universitaire et éditorialiste, sans motifs apparents. Selon plusieurs sources à Dhaka, leur arrestation pourrait être liée à l'enquête de police sur le reportage de Channel-4. Dans la nuit du 10 au 11 décembre, Shahriar Kabir a été victime d'un malaise cardiaque dans le commissariat de police où il était interrogé. La police a refusé que son médecin et sa famille lui rendent visite. Le 11 décembre, il devait être transféré, ainsi que Muntasir Mamun, à la prison de Dhaka. Shahriar Kabir avait déjà été emprisonné, fin 2001, pendant plus de deux mois après avoir enquêté sur les violences commises contre des hindous. Il avait été libéré sous caution, mais les charges de "sédition" pèsent toujours contre lui. Une pétition demandant la libération de Saleem Samad, correspondant de Reporters sans frontières, et Priscilla Raj, est toujours disponible sur www.rsf.org _______________________________________________________________ Rejet de la demande de libération sous caution de Saleem Samad Le 9 décembre, Saleem Samad s'est présenté devant le magistrat en charge de son dossier. Après une audition d'à peine quelques minutes, la demande de libération sous caution introduite par ses avocats a été rejetée par la cour. Le magistrat a néanmoins ordonné que les avocats et la famille du journaliste incacéré soient autorisés à lui rendre visite à la prison de Dhaka. Selon certaines informations, Saleem Samad est apparu en bonne santé lors de son audition. _______________________________________________________________ Saleem Samad transféré à la prison centrale de Dhaka, le déroulement de la justice toujours entravé Le 4 décembre, la police a transféré Saleem Samad à la prison centrale de Dhaka après une audience au cours de laquelle ses avocats et sa famille n'ont pu s'entretenir avec le journaliste. Après cinq jours d'interrogatoire, les policiers ont fait en sorte que le transfert à la prison soit effectué sans que l'avocat du correspondant de Reporters sans frontières puisse obtenir de lui une signature pour lui donner pouvoir et ainsi engager de nouvelles procédures pour sa libération. La prochaine audience devrait avoir lieu le 9 décembre. Mais selon certaines sources à Dhaka, les agents du Département d'enquête criminelle (CID), maintenant en charge de l'affaire, pourraient être tentés de reprendre les interrogatoires après la fête musulmane de l'Aïd al-Fitr. En revanche, la famille de Saleem Samad ne cesse d'être harcelé par des policiers et des membres des services secrets. Son frère cadet, Shamim, qui a déposé la demande de libération sous caution, a été menacé d'arrestation et a dû se cacher pendant plusieurs jours. Le père de Saleem Samad, Abdus Samad, âgé de 81 ans, a été obligé de se lever en pleine nuit pour répondre aux questions des policiers qui ont investi et fouillé le domicile familial à au moins trois reprises. Sa belle-sœur est l'objet de menaces quotidiennes. Son épouse et son fils sont obligés de se cacher. Déjà, le 2 décembre, les deux journalistes de Channel-4, Zaiba Malik et Bruno Sorrentino et leur traductrice Priscilla Raj, avaient été conduits à la prison de Dhaka. Leur chauffeur avait été libéré le même jour. A 20 heures, les avocats et les diplomates avaient enfin pu rencontrer les journalistes à la prison. La police avait refusé auparavant d'appliquer une décision de la Haute Cour de justice d'accorder un accès aux détenus. Cette violation de la loi de la part des services de sécurité avait provoqué des tensions entre le gouvernement et l'ambassade britannique qui avait menacé d'une crise diplomatique. Selon les représentants des ambassades italienne et britannique, les deux journalistes et leur collaboratrice n'ont pas été frappés pendant leur interrogatoire. Le directeur de la prison a accueilli les journalistes dans son bureau avant de les faire transférer dans leur cellule. Enfin, les autorités n'ont toujours pas transmis aux avocats les charges exactes qui pèsent contre leurs clients. La Cour a seulement annoncé que les deux journalistes européens sont accusés d'être entrés au Bangladesh sous une fausse identité et d'avoir conspiré contre le pays. ___________________________________________________________ Reporters sans frontières lance une pétition internationale pour la libération des journalistes de Channel-4 et de son correspondant Saleem Samad Reporters sans frontières a mis en place sur son site Internet (www.rsf.org) une pétition adressée au Premier ministre du Bangladesh, Begum Khaleda Zia, demandant la libération de Saleem Samad, correspondant de Reporters sans frontières, de Zaiba Malik et Bruno Sorrentino, reporters de la chaîne britannique Channel-4, et de leur traducteur, Pricilla Raj. Les journalistes et leur collaborateur sont détenus à Dhaka. Ils sont accusés de "sédition" et risquent la peine de mort. Reporters sans frontières appelle la communauté journalistique, les défenseurs des droits de l'homme et l'opinion publique à signer la pétition en faveur de leur libération. Les journalistes, même s'ils travaillent sans visa de presse, ne peuvent en aucun cas être considérés comme de "dangereux conspirateurs" engagés dans des "activités clandestines". L'organisation rappelle que le Bangladesh a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques dont l'article 19 garantit la liberté de la presse. Le 3 décembre, une manifestation a eu lieu devant le Club de la presse de Dhaka contre la détention des journalistes. - Signer la pétition
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Updated on 20.01.2016