Russie : la journaliste Natalia Zoubkova forcée de quitter son domicile après des années de harcèlement

Dans la région de Kemerovo, en Sibérie, la rédactrice en chef d’un journal local a été contrainte de fuir sa ville natale après avoir été agressée et menacée. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à protéger la journaliste et à enquêter sur ces attaques inadmissibles.

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Le 25 février, la rédactrice en chef du journal local en ligne Novosti Kisseliovska, Natalia Zoubkova, a été attaquée par un inconnu alors qu’elle promenait son chien dans la ville de Kisseliovsk. Après lui avoir mis la tête dans la neige, l’agresseur a menacé de s’en prendre à elle et à ses filles si “elle ouvrait la bouche encore une fois”. Constamment harcelée pour son travail de journaliste, elle a décidé de fuir sa ville natale. 


En août 2019, elle avait déjà été poursuivie en justice par le maire de la commune qui l’accusait d’avoir interviewé des habitants de la région sans l’accord de l’administration locale. Le 6 mars 2021, la journaliste a publié une vidéo intitulée "Aux  forces de l’ordre de Kisseliovsk : arrêtez de persécuter ma famille !” Elle y explique avoir soumis de nombreuses plaintes à la police, au service fédéral de sécurité (FSB) et au comité d’enquête sur des faits de diffamation et de menaces à son encontre, sans jamais obtenir gain de cause. 


Natalia Zoubkova est persecutée par les autorités locales qui profitent d’une impunité totale pour tenter de la réduire au silence, dénonce la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie Centrale de RSF, Jeanne Cavelier. L’organisation appelle les autorités fédérales à protéger la journaliste et à ouvrir une enquête approfondie, indépendante et transparente sur ces attaques inadmissibles.


Natalia Zoubkova fait partie des nombreux journalistes harcelés en Russie en raison d’articles mettant en cause des autorités locales. En octobre 2020, à Nijni Novgorod, la rédactrice en chef de Koza Press, Irina Slavina, a mis fin à ses jours en s’immolant par le feu devant les locaux de la police régionale après des années de pressions. Victime d’une énième perquisition et d’un nouvel interrogatoire, elle avait publié, une heure avant son décès, un message sur le réseau social Facebook demandant “de rendre responsable de sa mort la Fédération de Russie”. Le 2 novembre, la commission d'enquête a refusé de considérer le harcèlement subi par la reporter comme un facteur de son suicide et d'ouvrir une procédure pénale.


La Russie occupe la 149e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.

Publié le
Mise à jour le 10.03.2021