RSF publie son rapport "Respect pour la presse en Catalogne”

Reporters sans frontières (RSF) publie son rapport qui dénonce le climat irrespirable pour la liberté de presse dans la région catalane. Journalistes locaux et correspondants se plaignent de pressions du pouvoir et de harcèlements sur les réseaux sociaux d’une ampleur inégalée.

À trois jours du référendum sur l’indépendance de la Catalogne, convoqué de façon unilatérale par les partis séparatistes et interdit par le Tribunal constitutionnel espagnol, la section espagnole de Reporters sans frontières (RSF) publie un rapport “Respect pour la presse en Catalogne”en espagnol sur le climat oppressant qui entoure l’exercice du journalisme devenu irrespirable dans la région.

Le rapport évoque les pressions répétées du gouvernement catalan indépendantiste envers la presse étrangère et locale, le harcèlement des « hooligans » du mouvement indépendantiste sur les réseaux sociaux contre les journalistes critiques, les tentatives d’intimidation des foules de manifestants contre les reporters de télévision et dénonce l’atmosphère toxique qui règne autour de la liberté de la presse.


Face à la multitude de témoignages recueillis par RSF de plusieurs journalistes catalans, espagnols ou étrangers, tous victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux initié par des proches du pouvoir, l’organisation a choisi de publier certains d’entre eux . Notre rapport souligne les pressions que subissent les médias qui ne sont pas en accord avec la ligne indépendantiste et l’hostilité à laquelle ils font face sur les réseaux sociaux.


RSF a recueilli des témoignages de correspondants étrangers en Espagne -notamment à Barcelone- qui confirment l’intérêt que portent les indépendantistes à la presse internationale et les pressions qu’ils exercent sur elle, clé de leur stratégie de visibilité.


RSF donne aussi la parole aux journalistes catalans qui exercent dans des médias en désaccord avec la ligne indépendantiste, et qui sont victimes d’intenses campagnes de harcèlement sur les réseaux sociaux et de politiques qui n’hésitent pas à les pointer du doigt.


Le climat pour le libre exercice du journalisme a souffert de l’immense polarisation de la politique et de la société catalanes, déclare Pauline Adès-Mevel, responsable du Bureau UE-Balkans de RSF. Poussée dans ses retranchements par les manoeuvres d’intimidation des autorités espagnoles, le gouvernement régional cherche à imposer sa vision à la presse locale, espagnole et internationale jusqu’à franchir des lignes rouges. Le meilleur témoignage d’une démocratie saine est une presse libre,dans laquelle les journalistes assument leurs écrits et refusent de s’autocensurer".

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D’une actualité brûlante, le rapport s’attarde sur les derniers événements qui se sont déroulés en Catalogne et sur le climat d’intimidation imposé aux médias catalans par l’application, de part de la police, des instructions judiciaires contre la propagande du référendum.

On peut y lire les témoignages de reporters de télévisions espagnoles au coeur de ce conflit et victimes de stigmatisation.

Les vidéos qui nous parviennent de Barcelone montrant des tentatives d’intimidation envers des reporters de télévision nous inquiètent profondément. Nous lançons un appel aux autorités catalanes pour qu’elles condamnent la stigmatisation de la presse espagnole aujourd’hui présentée comme responsable d’une situation dont l’origine est d’abord politique. Pointer du doigt les médias fait écho aux campagnes d’un Donald Trump ou de mouvements réactionnaires,” explique Pauline Adès-Mevel.


Le rapport se penche enfin sur ce qui se passe à Bruxelles où le mouvement indépendantiste s’emploie à exercer des pressions sur les correspondants espagnols lorsqu’ils témoignent des réticences de l’Union européenne à évoquer la question de la sécession.


L’Espagne figure à la 29ème position sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 publié par Reporters sans frontières.
Publié le
Mise à jour le 29.09.2017