RSF exige la libération immédiate de l’éditorialiste indien Gautam Navlakha

Le journaliste, célèbre pour sa défense des droits humains, a été incarcéré par l’agence indienne de lutte contre le terrorisme. Compte tenu de la vacuité juridique de l’accusation qui le vise, en plus de graves préoccupations humanitaires, Reporters sans frontières (RSF) réclame sa libération immédiate et inconditionnelle.

Bien qu’il continue de clamer son innocence, le journaliste Gautam Navlakha s’est comporté en citoyen respectueux de la justice de son pays : il s’est rendu hier matin, mardi 14 avril, à New Delhi, dans les bureaux de la National Investigation Agency (NIA), l’antiterrorisme indien, où il a été immédiatement placé en détention. Il a suivi en cela un arrêt de la Cour suprême, qui a refusé, le 8 avril dernier, sa demande de maintien en liberté sous caution, après un ordre de reddition publié le 16 mars.


Le journaliste, qui signe des éditoriaux pour le site d’information Newsclick, est accusé d’avoir participé à une “conspiration maoïste”. Bien qu’elle n’ait fourni aucune preuve en ce sens, la NIA estime que le reporter serait impliqué dans des violences communautaires intervenues en marge de la commémoration d’une bataille historique, le 1er janvier 2018.


Arrêté le 28 août 2018, Gautam Navlakha est poursuivi au motif de la loi sur la prévention des activités illégales. Il risque sept ans de prison.


“Peine de mort virtuelle”


“Nous appelons le parquet indien à ordonner la libération immédiate et inconditionnelle de Gautam Navlakha, et à abandonner les poursuites totalement infondées qui pèsent contre lui, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Son arrestation est clairement un acte politique de représailles contre ses articles, qui dénonçaient les violations des droits humains en Inde. En plus de constituer un déni de justice absolument kafkaïen, le jeter en prison en pleine crise du Covid-19 met gravement sa santé en danger.”


Agé de 65 ans, Gautam Navlakha souffre de troubles cardiaques. Selon son avocat, son incarcération en pleine crise du coronavirus revient à “lui infliger virtuellement la peine de mort”.


Dans un émouvant texte publié hier matin, juste avant sa reddition, il explique espérer un “procès rapide et équitable”. Il critique néanmoins le fait que, depuis le début de cette affaire, “l’accusé [qu'il est] est présumé coupable avant que l'on présume de son innocence”.


RSF avait dénombré, en novembre 2019, plusieurs cas où l’accusation de “maoïsme” est brandie par le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi pour discréditer et harceler les journalistes.


L’Inde se situe à la 140e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2019 par RSF.

Publié le
Mise à jour le 15.04.2020