RSF et deux autres organisations exigent la réouverture de l'enquête sur l'assassinat du journaliste pakistanais Zubair Mujahid

A l’occasion de la publication d’un rapport sur l’assassinat du journaliste pakistanais Zubair Mujahid, en 2007, Reporters sans frontières (RSF), en partenariat avec Free Press Unlimited (FPU) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), exige qu’une nouvelle enquête indépendante soit entreprise pour amener les auteurs de ce meurtre devant la justice. Pour étayer leur demande, les trois organisations ont notamment mis au jour d’importantes erreurs commises par l’enquête de police officielle.

Le rapport “Briser le silence : une enquête sur l’assassinat de Zubair Mujahid” a été publié aujourd’hi, mercredi 16 juin, dans le cadre de la campagne A Safer World For The Truth (Un monde plus sûr pour la vérité), une initiative conjointe lancée par FPU, RSF et la CPJ.

 

Correspondant pour le Daily Jang, le plus important quotidien pakistanais en langue ourdoue, à Mirpurkhas, une ville située dans le sud du pays, Zubair Mujahid enquêtait sur des cas de corruption impliquant plusieurs acteurs locaux, et de graves atteintes aux droits humains. Comme RSF l’avait révélé à l’époque, il a été assassiné en novembre 2007, au moment de la chute controversée du régime de général Pervez Musharraf.

 

Certains de ses articles les plus retentissants ont mis à jour les méfaits de la police de Mirpurkhas et ont conduit plusieurs officiers de police à la démission – à la suite de quoi Zubair Mujahid a reçu des menaces de la part d’individus appartenant justement à l’administration policière. Or, c’est cette même administration qui a été chargée de l’enquête.

 

Cercle vicieux


Le rapport montre que de graves erreurs ont été commises dans l’enquête officielle de police : entre autres négligences, les enquêteurs n’ont tout simplement pas mené d’étude balistique sur la balle que Zubair Mujahid a reçue et ils n’ont pas non plus recherché le moindre témoin oculaire aux alentours de la scène du crime.

 

Le rapport conclut à la possibilité que la police de Mirpurkhas ait été impliquée dans l’organisation et l’exécution de l’assassinat, et demande qu’une équipe compétente et indépendante soit chargée de mener une nouvelle enquête, sous l’égide de la Haute Cour de la province du Sindh, compétente en la matière.


“Il semble clair que Zubair Mujahid a été assassiné pour avoir révélé la vérité, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Cet assassinat doit par conséquent faire l’objet d’une enquête digne de ce nom, afin que justice soit rendue."

 

“Assassiner un journaliste est l’un des crimes les plus faciles au monde pour ses assassins, complète le directeur de FPU, Leon Willems. Dans neuf cas sur dix, l’auteur échappe à la prison. Afin de briser ce cercle vicieux de l’impunité, les autorités pakistanaises doivent accroître leurs efforts afin que l’assassinat de Zubair Mujahid ne reste pas impuni.”

 

“Ces dix dernières années, au Pakistan, l’impunité a été quasi totale pour les assassinats de journalistes, conclut le directeur du CPJ, Joel Simon. L’ouverture d’une nouvelle enquête dans l’affaire Zubair Mujahid constituera un pas décisif pour briser le cercle vicieux de l’impunité.”

 

Le Pakistan est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Selon le CPJ, au moins 61 d’entre eux ont été tués depuis 1992. Au nouveau Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF, le pays occupe la 145e place sur 180 pays.

 

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Le rapport “Briser le silence : une enquête sur l’assassinat de Zubair Mujahid” a été publié dans le cadre de la campagne A Safer World For The Truth (Un monde plus sûr pour la vérité), une initiative de FPU, RSF et du CPJ, dont objectif est d’obtenir justice pour les journalistes assassinés dans le monde. Ce rapport est le deuxième d’une série d’enquêtes sur les assassinats non résolus de journalistes.

 

La version intégrale de l’enquête et ses recommandations sont accessibles à l’adresse https://www.saferworldforthetr...

Le premier volet, consacré à la journaliste mexicaine Regina Martínez Perez, a été publié en mars 2021.

Publié le
Updated on 16.06.2021