RSF dénonce la diffusion des “aveux” de Stanislav Asseïev à la télévision russe

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la diffusion par la chaîne de télévision d’Etat russe Rossiya 24 des “aveux” du journaliste ukrainien Stanislav Asseïev, détenu depuis plus d’un an par les séparatistes de Donetsk. L’organisation s’inquiète des pressions qui ont pu être exercées à son encontre et réitère son appel à sa libération immédiate.

La première apparition publique de Stanislav Asseïev, après plus d’un an de détention par les séparatistes de Donetsk, ne fait que renforcer les craintes pour son intégrité physique et psychologique. Dans un long entretien diffusé le 17 août par la chaîne d’État russe Rossiya 24, le journaliste affirme être un espion ukrainien, conformément aux accusations portées contre lui par les autorités autoproclamées de la “République populaire de Donetsk” (DNR).


Si le présentateur de l’émission parsème “l’interview” de digressions à charge, il ne fournit aucune information sur les conditions de détention de Stanislav Asseïev, son état de santé ou d’éventuels éléments matériels du dossier d’accusation. L’un des employeurs du journaliste, Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE/RL), a qualifié ces “aveux” de “hautement discutables” : “nous n’avons aucune idée du moment et des conditions dans lesquelles ils ont été faits, ou des contraintes qui ont pu être exercées”, souligne dans un communiqué la porte-parole du média, Joanna Levison.


“Diffuser les ‘aveux’ d’un journaliste détenu arbitrairement depuis plus d’un an ne constitue pas seulement une grave violation de l’éthique journalistique, mais aussi du droit international humanitaire, souligne le responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Johann Bihr. Nous sommes extrêmement inquiets pour Stanislav Asseïev, dont on peut penser qu’il a agi sous la contrainte, et nous appelons de nouveau les parties prenantes à tout faire pour obtenir sa libération rapide.”


Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par la Russie et l’Ukraine, interdit les traitements inhumains ou dégradants (article 7) et protège le droit des personnes à ne pas être forcées de témoigner contre elles-mêmes ou de s'avouer coupables (article 14).


Stanislav Asseïev est un des rares journalistes indépendants à être restés à Donetsk après la prise de pouvoir des séparatistes soutenus par Moscou, au printemps 2014. Il collaborait avec plusieurs journaux ukrainiens et le service local de RFE/RL, sous le pseudonyme de Stanislav Vassine. D’après d’anciens codétenus, il est emprisonné dans l’une des geôles séparatistes, l’ancienne usine “Izoliatsiya”.


La “DNR” et la “République populaire de Lougansk” (“LNR”) sont devenues de véritables trous noirs de l’information. Les derniers journalistes critiques y ont été réduits à la clandestinité et les observateurs étrangers se font rares.


La Russie occupe la 148e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2018.

Publié le
Mise à jour le 21.08.2018